Une catastrophe économique est-elle à prévoir en Israël? Pas encore, mais tout est possible. Malgré tout, le pays détient une économie saine et toujours solide et des réserves de devises abondantes. Problème majeur : la crise politique est toujours là. Et la réactivité des autorités est donc limitée.

Ce qui est clair : des secteurs entiers de l’économie sont déjà dévastés. Des organisateurs de salons et expositions sont en quasi faillite. Des salariés du secteur public ne reçoivent plus leurs salaires à temps. Les hôtels d’Israël se vident à grande vitesse et des licenciements sont opérés dans toute l’hôtellerie. Les salles de mariage sont en crise.

Le show-business est à l’arrêt. Les cinémas sont vides. Les restaurants ont du mal à se remplir. L’aéroport de Tel-Aviv est désert. Les taxis se plaignent d’avoir bien moins de clients. Les Universités israéliennes, ouvertes pour l’instant, n’accueillent plus d’étudiants étrangers. Seuls les supermarchés alimentaires et les pharmacies ont une croissance des ventes bien réelle.

La crise est soudaine et d’une rare violence. Un véritable choc. Restons cependant optimistes : les israéliens ont de la résilience.  Ils savent mettre fin à des crises, même de grande importance. (DR)

LE PLUS. « Dans la communauté franco-israélienne, l’effet des mesures prises pour lutter contre le coronavirus a été immédiat. Ayala Blum est référente « immigrés francophones » pour la mairie de Jérusalem : « Ce matin même, j’ai reçu un appel d’un Israélien actuellement en France qui voulait savoir s’il avait le droit de rentrer dans le pays ou pas », raconte la jeune femme. Et ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux cas. « Un collègue avait prévu des vacances au ski la semaine prochaine, mais il a tout annulé », explique encore Ayala Blum. « Et puis, j’ai une jeune collègue qui vient de rentrer de France qui nous a annoncé qu’elle ne viendra pas travailler pendant 14 jours. C’est vraiment très embêtant pour l’économie », constate l’employée de la mairie. Et la crainte est partagée dans beaucoup de secteurs : « Ce matin, un ami m’a dit qu’il avait encore plus peur de la catastrophe économique que de la maladie elle même. »

Dix mille euros de perte depuis le début du mois

A l’hôtel Palatin, en plein-centre ville, à 10 minutes à pied de la ville, la catastrophe économique est d’ailleurs en cours, constate Toddy Warschaski, le propriétaire : « Aujourd’hui, j’ai déjà eu six annulations… Depuis le 1er mars, ces annulations représentent 10 000 euros et notre remplissage a baissé de 19% », déplore le chef d’entreprise, qui craint que cela ne dure. « Ce n’est que le début, on a le marathon de Jérusalem, le carnaval de Pourim, des mariages, des cérémonies, etc… tout cela pourrait être annulé », s’inquiète Toddy Warschaski.

Les mesures ont été annoncées il y a 24 heures en direct à la télévision par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou lui-même. Mais pour Arad Nir, journaliste renommé de Channel 12, la chaîne la plus regardée, Nétanyahou fait d’abord de la politique politicienne. Seuls 15 cas de coronavirus ont été recensés dans le pays, mais plusieurs dizaines de milliers d’israéliens sont en confinement.

C’est scandaleux ! Ces mesures ne sont pas prises pour des raisons médicales, mais parce que cette situation arrange monsieur Nétanyahou. Arad Nir, journaliste de Channel 12à franceinfo

Pour lui, le Premier ministre, dont le procès pour corruption doit s’ouvrir le 17 mars, « met les habitants dans une grande inquiétude, pour nous détourner de ses problèmes politiques ». Malgré sa victoire aux législatives, « il n’a pas de majorité à la Knesset – le parlement israélien – et il nous détourne aussi des problèmes que subit régulièrement le système de santé depuis des années. » En Cisjordanie voisine, les autorités viennent de découvrir quatre premiers cas. La basilique de la nativité à Bethléem ferme donc ses portes pour deux semaines. https://www.francetvinfo.fr

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