Si le conflit entre Israël et le Hamas débuté le 7 octobre 2023 n’a pas entrainé de réelle dégradation de la situation sécuritaire de l’Égypte à ce stade, il constitue un nouveau choc externe sur une économie égyptienne dégradée conjoncturellement et fragile structurellement. L’Égypte pâtit notamment déjà du ralentissement de l’activité économique d’Israël (exportations gazières) et des flux touristiques vers la région, sources précieuses de devises.
L’activité économique de l’Égypte demeure marginalement affectée, en lien avec l’absence de réelle dégradation de la situation sécuritaire nationale depuis le déclenchement du conflit. Le terrain d’affrontement entre Israël et le Hamas est très éloigné de la population égyptienne concentrée sur 7 % du territoire autour du Nil. Si la mobilisation renforcée des services de police et de l’armée doit être soulignée, l’impact du conflit sur les finances publiques serait nettement plus marqué en cas d’engagement de l’armée égyptienne dans le conflit ou encore d’accueil de réfugiés alors que la marge de manœuvre budgétaire du gouvernement demeure limitée (la dette publique atteindrait 91,3 % du PIB et le service de la dette compte pour 73,2 % des recettes fiscales). Toute perturbation des chaines logistiques régionales pourrait par ailleurs renforcer les pressions inflationnistes (32,4 % attendus en 2023/24) et sur les comptes extérieurs (les recettes du canal de Suez s’élèvent à 8,8 Mds USD en 2022/23, en hausse de 25,2 % en g.a.).
L’impact du conflit sur l’industrie touristique se confirme alors que la saison hivernale constitue le pic de l’activité en Égypte et que le secteur constitue l’une des principales sources d’entrée de devises pour le pays (13,6 Mds USD en 2022/23, +26,8 % en g.a.). Israël a appelé ses ressortissants à quitter l’Égypte à deux reprises depuis le début du conflit (le nombre de ressortissants israéliens se rendant en Égypte chaque année est estimé à 600 000). Si les touristes actuellement en Égypte n’auraient pas décidé de quitter prématurément le pays et que les annulations de séjours touristiques à court terme demeurent limitées (en l’absence de dégradation de la situation sécuritaire, les conditions générales de vente s’appliquent avec des frais d’annulation importants pour les clients), les voyagistes font en revanche état d’un ralentissement du rythme des ventes à compter de mi-octobre. Ainsi, selon Reuters – se référant aux données consolidées par ForwardKeys – les réservations de billets d’avion vers l’Égypte ont chuté de 26 % en glissement annuel depuis le début du conflit (à comparer à -49 % en Jordanie et -74 % au Liban).
UNE PUBLICATION DU SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL DE BEYROUTH
En collaboration avec les services économiques de la circonscription
(Amman, Bagdad, Jérusalem, Le Caire, Téhéran, Tel Aviv)
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N° 42 – du 2 novembre au 9 novembre 2023
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