ISRAELVALLEY. Yaël Barzilaï et Yoël Cohen. De nombreux israéliens (des milliers) souhaitent s’expatrier. Le « jeu » le plus en vogue dans les familles juives israéliennes est celui basé sur une question clé : « Où aller, et pas trop loin, d’Israël? »

Avant la guerre, qui a débuté le 7 Octobre : « Au cours des derniers mois, les ambassades européennes en Israël ont noté une augmentation significative des demandes de passeports étrangers et de visas d’immigration de la part des citoyens israéliens. 

Selon un diplomate européen, l’augmentation des demandes de passeports étrangers et de visas d’immigration a explosé. Les Ambassades qui font face à une explosion des demandes sont celles de la France, des Pays-Bas, de la Roumanie, du Portugal, de l’Espagne, de l’Allemagne, de l’Italie et des pays baltes.  « Il y a une augmentation des demandes de passeports mais nous ne connaissons pas les motivations », a déclaré l’ambassade de France à Tel-Aviv ». 

A noter : Les citoyens israéliens peuvent entrer sans visa préalable (soit absence de visa, soit visa délivré lors de l’arrivée sur le territoire) dans 158 pays et territoires pour des voyages d’affaires ou touristiques de courte durée. Selon l’étude de Henley & Partners, Israël est classée cent cinquante huitième, à égalité avec le Mexique en termes de liberté de voyages internationaux. 

Le pays le plus en vogue actuellement (après le 07/10) est la Grèce. La Crète (en Grèce) est souvent citée par les expatriés potentiels. Berlin est la ville préférée des jeunes israéliens qui souhaitent « faire une pause ». L’Espagne, l’Italie sont dans le « Top 10 » des choix. Paris n’est presque jamais désignée (des raisons évidentes. Les israéliens ne se sentent pas en sécurité). Elle est citée uniquement par les nombreux juifs qui ont quitté la France ses dernières années.

La destination la plus fréquente parmi ceux qui décident de partir est l’Europe, qui compte pour 70 % des déménagements, contre 40 % dans un passé récent.

Les avantages de l’Europe comprennent les fuseaux horaires, les indices de qualité de vie et, surtout, la facilité relative, ces dernières années, à obtenir des passeports dans des pays tels que le Portugal, la Pologne et même le Maroc. De nombreux Israéliens sont originaires de ces pays et ont ou ont eu droit à la citoyenneté aujourd’hui parce que les membres de leur famille avaient été contraints de partir sous la contrainte pendant la Shoah ou l’Inquisition espagnole.

Henri Cohen, un lecteur (juif francophone) d’IsraelValley, qui souhaite quitter durant quelques années Israël nous déclare: « Israël me fatigue. La guerre me brise le coeur. J’ai les nerfs à vif ». « Je cherche un pays francophone où l’antisémitisme  n’existe pas ».

Lors d’une conversation informelle nous lui avons donc suggéré la Corse, car cette magnifique île ignore l’antisémitisme. Mais cela n’a pas suffit. Nous lui avons donc suggéré la Suisse. Sa question: « Je ne connais pas ce pays. Quels sont les points communs entre la Suisse et Israël? ».

Notre première réponse : « la Suisse est magnifique, Israël aussi ».  Un point qui vaut pour les deux pays: « L’Armée suisse est une armée de milice très solide appuyée par des militaires professionnels. Elle a pour mission d’assurer la défense du territoire suisse ». Même chose pour Israël (même si Tsahal a des failles).

La population de la Suisse s’élève à 8 865 270 personnes. En juillet 2022, la population d’Israël est estimée à 9,6 millions d’habitants selon le Bureau central des statistiques israélien. Une différence de moins d’un millions d’habitants.

« Par bien des aspects, la Suisse est une énigme économique. Voilà un pays dénué de matières premières, enclavé sans accès maritime, doté d’une monnaie forte, caractérisé par le coût de sa main-d’œuvre parmi les plus élevés au monde qui parvient à maintenir une base productive puissante et d’une compétitivité exceptionnelle ».  Israël aussi est une « énigme économique » qui tient toujours la route malgré une guerre Hamas /Israël d’une violence inégalée.

Economie. Points communs entre la Suisse et Israël :

1. Israël et la Suisse disposent d’un tissu très serré de PME et Startups tournées vers l’export, organisées en écosystème.

2. Israël et le Suisse ont une hyperspécialisation sur des secteurs à forte intensité capitalistique : la chimie-pharmacie, la cyber-défense, l’agro-industrie, optique et les équipements électriques.

« La Suisse et Israël disposent d’un tissu très serré de PME tournées vers l’export, organisées en écosystème. Le principal objectif est d’échapper à la concurrence par les coûts donc de développer des produits de niche, haut de gamme, permettant de pratiquer des prix élevés. Cette stratégie offre en outre l’avantage de faciliter les transferts de compétences et de savoir-faire entre les entreprises, tout en renforçant l’attractivité pour les salariés qualifiés grâce à des opportunités professionnelles abondantes ».

3. Israël et Suisse font un effort en R&D très intense et le nombre de brevets par habitant déposés par les deux pays est bien plus élevé par rapport à l’Union européenne.

4. L’étroitesse des marchés intérieurs Israël et Suisse obligent, le « made in Israel» et le « made in Swiss » à exporter L’étroitesse du marché intérieur oblige, le « made in Switzerland » est exporté et les excédents commerciaux s’empilent. Ils ont représenté près de 4% du PIB sur les 20 dernières années. 

5. Les israéliens, comme les Suisses ont une mentalité entrepreneuriale très forte.

A SAVOIR. La grande différence entre la Suisse et Israël. La productivité d’Israël est faible. La Suisse dégage d’abord une productivité par tête nettement plus élevée que dans la zone euro et elle progresse davantage. Cette plus grande efficacité au travail des travailleurs renvoie aussi bien à une main-d’œuvre hautement qualifiée en liaison avec un système éducatif performant qu’aux efforts d’innovation et de modernisation des entreprises.

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