L’inflation en Israël bat son record avec 5,4% sur les douze derniers mois ; il faut remonter une vingtaine d’années en arrière pour trouver un rythme d’inflation aussi élevé.

En cause : la hausse du prix de l’énergie et des matières premières suite à la guerre en Ukraine. Sans doute, mais pas seulement ; il y a aussi de nombreuses causes propres à l’économie israélienne.

Il est facile de rejeter les causes de l’inflation sur des facteurs externes comme une guerre lointaine et une crise mondiale ; c’est une façon commode pour les dirigeants israéliens de rejeter leur responsabilité sur les autres.

La Banque d’Israël essaie de faire face à l’inflation en relevant le taux d’intérêt directeur, mais en vain ; il ne s’agit que d’une mesure provisoire et partielle qui ne s’attaque pas aux causes profondes de l’inflation.

Car en 2023, les causes de l’inflation en Israël sont ici et pas ailleurs ; elles sont liées à l’action du gouvernement ou plutôt à son inaction, voire son incapacité à faire face à un phénomène qui handicape l’activité du pays.

Domination monopolistique.

On ne le répètera jamais assez ; l’économie d’Israël est dominée par des monopoles qui s’entendent parfois entre eux pour maintenir des prix de détail élevés. Ces monopoles existent dans de nombreux secteurs (agroalimentaire, banque, distribution, transports, etc.) et tout le long de la chaîne d’approvisionnement : la production, l’importation et la distribution.

La structure monopolistique est un paradoxe de l’économie israélienne ; la politique ultralibérale lancée il y a vingt ans aurait dû favoriser la concurrence qui ferait baisser les prix. Or il n’en a rien été : tout au long de la décennie dernière, les gouvernements israéliens se sont montrés assez frileux pour combattre les entreprises monopolistiques, peut-être en raison des relations argent-pouvoir qui sont très étroites en Israël.

Prix gouvernementaux

Parmi les biens et services qui connaissent une hausse de leur prix, on compte un nombre non négligeable de produits dont le prix est fixé par le gouvernement, notamment dans le domaine de l’énergie et de l’alimentation. En janvier dernier par exemple, le prix de l’électricité a bondi de 8% et celui de l’eau de 3% ; seul le prix de l’essence a été contenu, mais provisoirement.

En maîtrisant mieux les prix qu’il fixe, le gouvernement israélien pourrait alléger le fardeau du coût de la vie sur les ménages. Par exemple, il pourrait réduire les taxes indirectes qui tirent les prix vers le haut, comme la TVA qui alourdit de 17% le prix au détail des produits de première nécessité.

Surchauffe économique.

Il existe aussi une cause conjoncturelle à la hausse des prix actuelle : la surchauffe de l’économie alimente l’inflation. Le rythme de croissance de la production est élevé (6,5% en 2022), la main d’œuvre manque (seulement 4% de chômage) alors que la consommation des ménages s’emballe (+7,5% en 2022).

Résultat de cette surchauffe : pour satisfaire à la demande alors que l’offre est insuffisante, les producteurs et distributeurs n’hésitent pas à relever les étiquettes. Et en achetant à tout prix, le consommateur israélien n’aide pas beaucoup le gouvernement à

L’inflation en Israël bat son record avec 5,4% sur les douze derniers mois ; il faut remonter une vingtaine d’années en arrière pour trouver un rythme d’inflation aussi élevé.

En cause : la hausse du prix de l’énergie et des matières premières suite à la guerre en Ukraine. Sans doute, mais pas seulement ; il y a aussi de nombreuses causes propres à l’économie israélienne.

Il est facile de rejeter les causes de l’inflation sur des facteurs externes comme une guerre lointaine et une crise mondiale ; c’est une façon commode pour les dirigeants israéliens de rejeter leur responsabilité sur les autres.

La Banque d’Israël essaie de faire face à l’inflation en relevant le taux d’intérêt directeur, mais en vain ; il ne s’agit que d’une mesure provisoire et partielle qui ne s’attaque pas aux causes profondes de l’inflation.

Car en 2023, les causes de l’inflation en Israël sont ici et pas ailleurs ; elles sont liées à l’action du gouvernement ou plutôt à son inaction, voire son incapacité à faire face à un phénomène qui handicape l’activité du pays.

Domination monopolistique

On ne le répètera jamais assez ; l’économie d’Israël est dominée par des monopoles qui s’entendent parfois entre eux pour maintenir des prix de détail élevés. Ces monopoles existent dans de nombreux secteurs (agroalimentaire, banque, distribution, transports, etc.) et tout le long de la chaîne d’approvisionnement : la production, l’importation et la distribution.

La structure monopolistique est un paradoxe de l’économie israélienne ; la politique ultralibérale lancée il y a vingt ans aurait dû favoriser la concurrence qui ferait baisser les prix. Or il n’en a rien été : tout au long de la décennie dernière, les gouvernements israéliens se sont montrés assez frileux pour combattre les entreprises monopolistiques, peut-être en raison des relations argent-pouvoir qui sont très étroites en Israël.

Prix gouvernementaux

Parmi les biens et services qui connaissent une hausse de leur prix, on compte un nombre non négligeable de produits dont le prix est fixé par le gouvernement, notamment dans le domaine de l’énergie et de l’alimentation. En janvier dernier par exemple, le prix de l’électricité a bondi de 8% et celui de l’eau de 3% ; seul le prix de l’essence a été contenu, mais provisoirement.

En maîtrisant mieux les prix qu’il fixe, le gouvernement israélien pourrait alléger le fardeau du coût de la vie sur les ménages. Par exemple, il pourrait réduire les taxes indirectes qui tirent les prix vers le haut, comme la TVA qui alourdit de 17% le prix au détail des produits de première nécessité.

Surchauffe économique

Il existe aussi une cause conjoncturelle à la hausse des prix actuelle : la surchauffe de l’économie alimente l’inflation. Le rythme de croissance de la production est élevé (6,5% en 2022), la main d’œuvre manque (seulement 4% de chômage) alors que la consommation des ménages s’emballe (+7,5% en 2022).

Résultat de cette surchauffe : pour satisfaire à la demande alors que l’offre est insuffisante, les producteurs et distributeurs n’hésitent pas à relever les étiquettes. Et en achetant à tout prix, le consommateur israélien n’aide pas beaucoup le gouvernement à lutter contre les hausses de prix exagérées et parfois injustifiables.

Affaiblissement du shekel

La hausse actuelle des prix est aussi liée à la valeur du shekel : quand celui-ci s’affaiblit par rapport aux devises étrangères, le prix des importations augmente car il faut davantage de shekels pour obtenir la même quantité de produits réglés en dollars ou en euros.

L’affaiblissement du shekel, qui renchérit les importations, alimente donc l’inflation actuelle en Israël. C’est aussi une retombée indirecte de la réforme judiciaire qui mine la confiance des investisseurs : ceux-ci ont réagi en retirant leurs capitaux du pays et en se réfugiant dans le dollar, accélérant l’effondrement du shekel.

Pour lutter contre l’inflation qui nuit à l’économie et au consommateur, le gouvernement israélien devrait lancer un vaste plan anti-inflation qui viserait réduire le poids des monopoles, à améliorer la concurrence sur de nombreux marchés et à réduire les obstacles tarifaires aux importations.

Si plusieurs avancées sont en cours de réalisation, notamment en matière d’ouverture aux produits étrangers, la lutte contre la cherté de la vie ne figure toujours pas en tête des priorités d’un gouvernement en proie à une instabilité politique qui menace sa viabilité.

à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.

Affaiblissement du shekel

La hausse actuelle des prix est aussi liée à la valeur du shekel : quand celui-ci s’affaiblit par rapport aux devises étrangères, le prix des importations augmente car il faut davantage de shekels pour obtenir la même quantité de produits réglés en dollars ou en euros.

L’affaiblissement du shekel, qui renchérit les importations, alimente donc l’inflation actuelle en Israël. C’est aussi une retombée indirecte de la réforme judicaire qui mine la confiance des investisseurs : ceux-ci ont réagi en retirant leurs capitaux du pays et en se réfugiant dans le dollar, accélérant l’effondrement du shekel.

Pour lutter contre l’inflation qui nuit à l’économie et au consommateur, le gouvernement israélien devrait lancer un vaste plan anti-inflation qui viserait réduire le poids des monopoles, à améliorer la concurrence sur de nombreux marchés et à réduire les obstacles tarifaires aux importations.

Si plusieurs avancées sont en cours de réalisation, notamment en matière d’ouverture aux produits étrangers, la lutte contre la cherté de la vie ne figure toujours pas en tête des priorités d’un gouvernement en proie à une instabilité politique qui menace sa viabilité.

JACQUES BENDELAC.

TIMES OF ISRAEL.

à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : « Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël » (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
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