En toute discrétion, Harvy, le robot de la société Aisprid, fait ses premiers pas sous les serres bretonnes. Il est entré en phase de pré-industrialisation.

Depuis quelques semaines, à Saint-Malo, Aisprid a lancé la production d’une présérie de robots autonomes dans son nouvel atelier. Débutée dans un garage, à Rennes, l’aventure de la start-up bretonne se prépare à passer au stade industriel pour répondre à la forte attente des producteurs de fruits et légumes.

Une évidence pour Nicolas Salmon, le PDG de l’entreprise dont le développement s’accélère, après une levée de fonds de 4,6 millions d’euros, l’an passé : « En France, 50 % des tomates sont importées. Pour produire plus local et lever le frein de la main-d’œuvre (NDLR : les producteurs peinent à recruter), il fallait trouver une solution. » Un enjeu de souveraineté alimentaire, dans l’esprit de l’expert en intelligence artificielle.

Les brevets bientôt publiés.

Le petit robot reste secret, le temps pour la start-up d’obtenir la publication de ses brevets. Et pour cause, la concurrence est forte dans le domaine, même si chaque projet en cours, des Pays-Bas au Japon en passant par Israël, est pour le moment dédié à une variété et aux spécificités d’un bassin de production.

Ce robot de serre est capable de travailler sept jours sur sept, restant inactif le temps de recharger sa batterie au lithium. En se déplaçant sur les rails déjà présents dans les serres de tomates et utilisés pour les chariots et le chauffage, le robot sera capable de réaliser des travaux d’effeuillage pour « couvrir à terme une surface d’un hectare par semaine grâce à de l’intelligence artificielle et un outil de coupe innovant développé spécifiquement », estime le PDG d’Aisprid. « L’opération d’effeuillage est une tâche quotidienne et indispensable à la croissance de la plante. Et le temps de main d’œuvre est équivalent à celui de la récolte », souligne Nicolas Salmon.

Délicatement, le système parvient à saisir une feuille avant de la couper, de la même façon qu’il pourra, dans un second temps, récolter les tomates. Le laboratoire de recherche et développement d’Aisprid continue à travailler, pour cela, sur l’identification des fruits cachés par les feuilles. La performance d’Harvy va progresser à mesure qu’il accumulera des données.

Installée dans ses nouveaux locaux à Saint-Malo, Aisprid compte 15 salariés.
Installée dans ses nouveaux locaux à Saint-Malo, Aisprid compte 15 salariés. (Aisprid)

Bientôt une vingtaine de salariés

Dans ces conditions, Aisprid devrait être prêt, dans moins d’un an, pour lancer sa commercialisation en France. Nicolas Salmon espère le lancement officiel pour le prochain Sival, le rendez-vous dédié aux productions végétales.

Sans attendre, à Saint-Malo, la start-up poursuit sa montée en puissance. L’effectif d’ingénieurs et de chercheurs a grossi avec l’arrivée notamment de techniciens en assemblage et en maintenance. « Nous sommes quinze aujourd’hui ; d’ici deux mois, nous serons une vingtaine ».

Les prochains mois permettront à Aisprid de finaliser Harvy en intégrant les derniers retours terrain des pré-séries déployées actuellement en serre. De mettre aussi en place la chaîne de production et d’industrialisation adaptée à la demande du marché.

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