LES TOURISTES ISRAELIENS… « Certains établissements hôteliers pratiquent une politique officieuse de refus des jeunes touristes israéliens. Des prix à la tête du client, c’est désormais le lot des touristes israéliens à Dubaï. Et pour cause : l’indiscipline et le manquement aux règles de certains d’eux ont fini par refroidir nombre de prestataires, comme par exemple les loueurs de voiture de luxe ». (i24News)

L’article ci-dessous, très pertinent sur une classe d’âge d’israéliens (après l’armée les israéliens se baladent dans le monde entier), et publié par i24News, ne reflète pas obligatoirement  l’attitude de très nombreux israéliens, plus âgés, qui se sont disciplinés au fil du temps. Au Maroc et en France, les israéliens s’adaptent à la culture locale sans problème majeur. (DR)

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Johanna Afriat

Echaudés par les accidents provoqués par de jeunes Israéliens déjantés, ils décident désormais des tarifs en fonction du passeport. « L’un de mes clients a embouti une Bentley contre un poteau. Il roulait à 150 km/h en pleine ville… », raconte Philippe Sarfati, directeur de l’agence de voyages en ligne Booknow.co.il.

On se souvient pourtant de la campagne du ministère israélien des Affaires étrangères au moment des accords d’Abraham, juste avant la mise en place des premiers vols Tel-Aviv-Dubaï, informant les futurs touristes des bonnes pratiques en matière de mœurs et de comportement, dans ce pays musulman aux règles très strictes.

L’Israélien Gil Gurevitch, qui possède un restaurant casher à Dubaï, documente largement sur son compte Instagram les excès de ses compatriotes dans la ville touristique phare des Emirats. Il rapporte entre autres que leur mauvaise tenue en boîte de nuit ou dans les centres commerciaux leur attire bon nombre d’amendes. Et que dire de ceux qui emportent serviettes, cintres, bouilloire ou même des lampes, volés dans leur chambre d’hôtel ?

Quand l’Israélien passe, les règles trépassent.

Les histoires de cet acabit sont légion aux Emirats arabes unis, mais pas seulement. Où que le touriste israélien passe, les règles trépassent, pourrait-on résumer. De Chypre à la Turquie, en passant par la Thaïlande, le Pérou, le Royaume-Uni, l’Inde et tant d’autres destinations, la mauvaise réputation des Israéliens les rattrape presque toujours. A tel point qu’ils sont classés en 5e position des pires touristes du monde. « Sans gêne », « indisciplinés », « bruyants », « exigeants », sont les mots qui reviennent le plus souvent pour les qualifier.

Comment expliquer ce phénomène ? « Les Israéliens ont un certain culot naturel – leur fameuse houtzpa – qui ressort encore plus quand ils sont à l’étranger, car c’est une façon d’être qui détonne souvent avec les mœurs locales », constate Danielle, une Israélienne de 30 ans, maquilleuse de métier. Elle-même ne se reconnaît pas dans cette attitude, et va parfois jusqu’à dissimuler sa nationalité quand elle voyage. « J’étais récemment en Italie, et j’ai vu un jour un groupe d’Israéliens arriver dans l’hôtel où je séjournais. Le temps qu’on leur donne leurs chambres, ils ont mis un bazar pas possible à la réception. Les mères changeaient leurs bébés sur les fauteuils, pendant que les pères criaient sur les enfants plus grands qui couraient partout. C’était n’importe quoi », raconte-telle.

« Les Israéliens ont cette tendance à se conduire partout comme s’ils étaient chez eux. Il existe une familiarité ‘nationale’ en Israël qu’ils reproduisent à l’étranger. Ces touristes agissent comme si tous les habitants du monde étaient leurs cousins ou leurs voisins de palier », analyse Philippe Sarfati, qui souligne que c’est encore plus vrai lorsque la destination est bon marché, car elle attire des classes plus populaires.

A cette problématique de mentalité, s’ajoute un contexte particulier, lié au fait que beaucoup d’Israéliens en voyage sont des jeunes tout juste démobilisés. Une fois débarrassés de l’uniforme de Tsahal, ces derniers n’ont qu’une idée en tête : s’évader le plus loin possible et jouir de leur « liberté » retrouvée. Pour une partie d’entre eux, l’enjeu est également de se vider la tête, en mettant de côté les traumas vécus pendant leur service.

Tous ces jeunes partent donc en Inde, en Thaïlande ou en Amérique du sud pour un voyage qui peut durer plusieurs mois, et « profitent de la vie ». Les problèmes arrivent lorsque leur conception de l’amusement et de la détente – deux choses dont ils ont été longtemps privés – les amènent à dépasser les limites. On ne compte plus les déboires avec les autorités locales de jeunes Israéliens, souvent alcoolisés ou drogués, qui enfreignent toutes les règles du pays. Au Chili et au Pérou, par exemple, des Israéliens ont défrayé la chronique pour avoir déclenché des feux de forêt, campé dans des zones illégales, s’être photographiés nus sur des sites sacrés ou organisé une orgie dans un parc archéologique.

Des événements forcément très mal vécus par les populations locales, mais aussi par les communautés juives de ces pays. Beaucoup de Juifs des pays touristiques prisés par les Israéliens, se plaignent notamment de la très mauvaise image des Israéliens, et des Juifs en général, véhiculée par ces jeunes à l’étranger. Michelle Hites, membre active de la communauté juive de Santiago au Chili, a notamment écrit une tribune dans le Haaretz pour expliquer à quel point elle souffrait d’avoir à dépenser son temps et son énergie pour défendre la réputation des Israéliens et des Juifs dans son pays, suite à de malheureux incidents provoqués par ses coreligionnaires. « Israël dépense chaque année des millions de shekels en ‘hasbara’ pour redorer son image sur la scène internationale. Mais les touristes israéliens, de par leurs mauvais comportements, ruinent ces efforts », déplore-t-elle.

Quelles meilleures preuves que ces hôtels ou auberges de jeunesse de différents pays désormais fermés – plus ou moins officiellement – aux jeunes Israéliens, ou cette brochure, publiée à Goa, en Inde, par une branche locale de l’Eglise catholique romaine, décrivant les jeunes Israéliens post-armée comme le talon d’Achille du tourisme local ? Au point que certains préconisent une loi interdisant aux Israéliens démobilisés de voyager à l’étranger pendant six mois après leur service.

Plus facile à dire qu’à faire, tant la culture du voyage est imbriquée dans les mœurs israéliennes. La petite taille du pays, ajoutée à un voisinage hostile, rendent l’Israélien avide de nouveaux horizons. Et cette bougeotte s’attrape au plus jeune âge. Il n’est ainsi pas rare de voir des Israéliens de 16 ou 17 ans, déambuler en Grèce ou à Chypre, deux destinations à une heure de vol et très bon marché, qu’ils s’offrent grâce à leurs petits boulots. Et c’est également là que le bât blesse, car ces adolescents en vadrouille et sans encadrement, ignorent pour beaucoup les règles élémentaires du savoir-vivre. Batailles d’extincteurs dans les hôtels, écorces de pastèque jetées des balcons, mobilier brûlé ou méconduites sexuelles sont à rapporter parmi leurs faits d’armes.

Soucieux de dénoncer ce phénomène, un compte Facebook ouvert en 2015 et baptisé « l’Israélien moche », invitait les internautes à poster des photos et des vidéos montrant des comportements répréhensibles. Ouvert par des Israéliens conscients des dommages provoqués à l’étranger par ce genre d’attitudes, le groupe avait récolté un franc succès. Depuis, l’expression « l’Israélien moche » est restée attachée aux frasques des Israéliens à l’étranger mais aussi dans le pays.

Des touristes peu aimés mais courtisés.

Alors, comment expliquer que les touristes israéliens soient malgré tout si courtisés, comme en témoigne le salon international du tourisme méditerranéen de Tel-Aviv, qui voit toujours plus d’offices du tourisme étrangers et de tour-opérateurs, lancés dans une véritable opération séduction envers les potentiels voyageurs ? La réponse tient au fait que ce sont de très bons clients pour le secteur. On l’a dit, l’Israélien, qui a soif de dépaysement et de nouveauté, voyage absolument partout (4,5 millions de touristes en 2019), et ceci toute l’année, à la différence des Européens par exemple, qui prennent des congés l’été et une ou deux semaines durant l’hiver. Les touristes israéliens, eux, remplissent les hôtels même dans les périodes creuses. Résultat : même le Japon où les normes comportementales sont très réglementées leur fait les yeux doux.

L’autre atout des voyageurs bleu blanc est qu’ils dépensent beaucoup (2219 dollars – 7 700 shekels environ – en moyenne par Israélien et par an). « Les Israéliens sont de bons vivants, qui aiment se faire plaisir. Ils ne sont pas près de leur porte-monnaie lorsqu’ils sont à l’étranger, pourvu qu’ils ‘kiffent’ », confirme Philipe Sarfati de l’agence Booknow.co.il. Nombre d’entre eux décollent avec une valise vide qu’ils rempliront au gré de leur shopping. « Le touriste israélien a une folie acheteuse. Le montant de ses dépenses est supérieur à plusieurs dizaines de % à celui du touriste européen », affirmait le responsable du pavillon de la Pologne, lors du dernier salon international du tourisme de Tel-Aviv.

S’il est indéniable que les Israéliens profitent d’un shekel particulièrement fort, la culture nationale de la vie à crédit et des tashloumim (paiements différés) est ce qui permet à presque tous de voyager, quitte à payer leurs vacances en 36 fois. Dans ces conditions, on comprendra que même les Emirats continuent de miser sur le développement du tourisme israélien, alors que six à huit vols quotidiens en provenance de Tel-Aviv déversent leur flot de touristes dans le pays.

 Samuel, un Israélien qui vit depuis quelques années au Mexique, atteste que beaucoup de Mexicains sont excédés par la mentalité et le comportement de certains touristes israéliens, mais qu’ils prennent sur eux bon gré, mal gré, sachant que ce sont de bons clients. « J’entends régulièrement des Mexicains me dire qu’ils ont du mal à supporter le côté sans gêne des Israéliens et leur manie de tout marchander, mais cela ne les empêche pas de leur sourire et de leur lancer même quelques mots en hébreu, histoire de les attirer. Les touristes sont leur gagne-pain », relate-t-il. Idem en Thaïlande, destination chérie des jeunes Israéliens. Si le pays connaît les débordements liés à ces touristes, il n’empêche que beaucoup de menus de restaurant sont traduits en hébreu et qu’ils continuent d’y être accueillis en nombre, car ce sont de très bons clients.

Les comportements négatifs des Israéliens en voyage ne seraient-ils que le reflet de l’époque ? C’est en tout cas ce qu’affirment certains sites de voyage et publications spécialisés, selon lesquels ces mauvaises pratiques ne sont pas l’apanage des Israéliens. De plus en plus courantes chez les voyageurs, et généreusement relayées sur les réseaux sociaux depuis l’apparition du Smartphone, ces attitudes sont en réalité révélatrices d’un malaise plus large : celui de valeurs qui se perdent, de la vulgarité qui devient la norme et du lâcher-prise dans l’éducation, disent-ils.

Que les touristes blanc bleu soient seuls ou non à agir de la sorte, de nombreux observateurs préconisent leur examen de conscience : alors qu’Israël souffre déjà de critiques sur la scène internationale, les voyageurs de l’Etat hébreu ne doivent jamais oublier qu’ils sont les premiers ambassadeurs de leur pays.

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