Contrairement à la majorité des pays occidentaux, Israël a terminé 2021 avec une inflation relativement modérée.

Dans le monde entier, la pandémie de Covid-19 s’est traduite par une crise économique ; l’inflation a relevé la tête, notamment en raison de la hausse des coûts de production, comme énergie et transports.

Qu’on en juge : en 2021, l’inflation a connu un niveau record dans la zone euro avec un bond de 4,9% des prix à la consommation ; en France, les prix progressent au rythme de 2,8% l’an.

Triste record aussi aux Etats-Unis qui connaissent l’inflation la plus forte depuis 40 ans : 6,8% en 2021.

Une exception à la règle

Et en Israël ? Régulièrement, la télévision diffuse des reportages alarmistes qui mettent en garde le consommateur contre la menace de l’inflation.

Or Israël fait exception à la règle ; si certains produits (alimentaires notamment) connaissent une valse des étiquettes, l’inflation n’est pas vraiment une menace en Israël.

Sur les douze derniers mois, les prix ont augmenté de « seulement » 2,4% ; en novembre dernier, les prix ont même baissé de 0,1%.

Comparé aux autres pays occidentaux, Israël bénéficie de deux avantages qui atténuent la hausse des prix : une monnaie forte et du gaz local.

Un shekel fort

Fin 2021, la monnaie israélienne a atteint son plus haut niveau face au dollar et à l’euro depuis 25 ans ; c’est un signe de vitalité de l’économie israélienne qui attire des investisseurs du monde entier.

Un shekel fort renforce le pouvoir d’achat des Israéliens qui consomment de nombreux produits et services importés de l’étranger, en ligne ou en magasins.

Les produits importés, et réglés en devises, coûtent moins chers lorsque leur prix est converti en shekels ; c’est le cas, par exemple, des services touristiques (avions et hôtels à l’étranger) qui voient leur prix fondre.

De même, toute une série des produits qu’Israël achète à des fabricants étrangers, comme l’habillement, l’électroménager et la voiture, doivent normalement être vendus moins chers au consommateur israélien.

Il est vrai que les importateurs d’articles étrangers ne se pressent pas pour abaisser leurs prix ; mais les pressions exercées par l’opinion publique et la classe politique commencent à donner leur fruit.

Du gaz bleu-blanc

En Europe, la hausse de l’inflation est surtout tirée par l’explosion des prix de l’énergie : gaz, carburant et électricité.

Mais en Israël, contrairement à l’Europe, il n’y a pas de crise énergétique ; le gaz qui est produit localement satisfait une grande partie des besoins énergétiques du pays.

Au cours des dernières années, de nombreuses usines du pays se sont convertis au gaz : dorénavant, la Compagnie israélienne d’Électricité produit plus de la moitié de son électricité à partir du gaz.

Sans compter que le gaz naturel extrait aux larges des côtes méditerranéennes est vendu à prix fixe ; il n’est donc pas influencé par la hausse mondiale des prix de l’énergie et des transports.

A ces deux facteurs objectifs (shekel et gaz) vient s’ajouter une autre mesure qui va freiner l’inflation : la baisse des taxes à l’importation décidée par le gouvernement Bennett et qui prendra effet début 2022.

Même les monopoles de l’agroalimentaire semblent avoir entendu la grogne des Israéliens ; ils commencent à faire marche arrière et renoncent à augmenter leurs prix.

Le consommateur israélien peut se rassurer : l’inflation ne le menace pas ou, tout au moins, pas encore…

Source Times of Israel.
à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998 et à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005. Aujourd’hui, il enseigne l’économie d’Israël au Collège universitaire de Netanya. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
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