Selon la loi juive, seul l’homme peut décider de la fin d’un mariage. Une récente enquête menée en Israël révèle qu’une femme sur cinq qui cherche à divorcer se voit retenue dans cette union contre son gré, pendant parfois des années. Galvanisées par le mouvement #MeToo, certaines comptent bien retrouver leur liberté, grâce à l’imagination de quelques rabbins ingénieux.

« Bonjour Madame ». Elle a ouvert la porte de sa maison et de sa vie avec timidité. Rivka Perez a 27 ans, mais on la dirait tout juste sortie de l’adolescence. De longs yeux en amande, une démarche gracieuse, la ravissante jeune femme donne une impression de fragilité dans son modeste trois pièces de la banlieue de Jérusalem. N’y tient que l’essentiel en une existence que l’on devine précaire, mais pleine d’amour. « Je n’ai pas réussi à les arrêter, et voyez le résultat », grimace-t-elle en pointant d’un doigt manucuré un mur que l’on devine blanc sous des gribouillages. Rivka a trois petits garçons nés chacun à environ un an d’écart. Question défis, elle a donc plus que sa part, surtout en temps de pandémie : divorcée, elle élève seule ses enfants.

La situation n’a fait qu’empirer avec le temps. J’ai fini par comprendre qu’il fallait que je parte pour sauver ma peau.
Rivka Perez, divorcée

Un tableau qui serait banal sans le combat extraordinaire qu’elle a dû mener pour sa liberté. « Trois ans de bataille pour le quitter », souffle-t-elle avec un sourire las. Mariée à 19 ans, la jeune femme découvre un époux « absent, maltraitant. La situation n’a fait qu’empirer avec le temps. J’ai fini par comprendre qu’il fallait que je parte pour sauver ma peau ». Mais après avoir accepté d’ouvrir un dossier de divorce, son ex-mari se volatilise en France, puis refuse tout contact pendant des mois.

Divorce par consentement unilatéral

Cette situation bloque tout car, en Israël, seul l’homme peut décider de la fin de l’union conjugale. Selon le judaïsme traditionnel, une femme qui se sépare de son époux sans obtenir de lui le gett, l’acte de divorce, ne peut se remarier. Les enfants qu’elle aurait ultérieurement seraient considérés comme des mamzerim, des bâtards. Un statut qui a de graves conséquences, dont l’interdiction de se marier avec quelqu’un qui ne partagerait pas ce triste destin. Rien de tout cela pour l’homme dont la femme aurait refusé le divorce, le judaïsme ayant autorisé la polygamie pendant des centaines d’années.

Ainsi, en Israël, une femme juive sur cinq qui cherche à divorcer se voit retenue dans le mariage contre son gré pendant parfois des années, selon les chiffres communiqués par l’association Mavoi Satum, qui les défend. Tout cela ne concerne que le judaïsme traditionnel, qui fonde sa pratique religieuse sur l’observance du Choulhan Aroukh (« Table dressée » en hébreu), code de lois juives compilé au XVIe siècle. Ce texte fondamental édicte des lois en rapport avec la vie quotidienne, la vie religieuse, la vie conjugale et le droit civil. Les courants juifs réformés (libéraux, conservateurs), majoritaires en dehors d’Israël, ont, quant à eux, révisé les sections discriminatoires de cet ouvrage au XIXe siècle.

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