A. Institut PASTEUR. Le ministre de la Santé prudent sur l’énorme potentiel d’un médicament français.

Depuis quelques jours, l’étude effectuée par l’institut Pasteur sur le tocilizumab est très commentée, car les effets démontrés sur la maladie s’annoncent très prometteurs. « Je prends cela comme un signe d’espoir, c’est une piste intéressante mais pour l’instant pas suffisamment étayée encore pour pouvoir crier cocorico », a réagi Olivier Véran sur France Info ce mercredi matin. Un essai clinique mené par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) sur un traitement destiné à limiter les effets de la contamination par le Covid-19 a réduit « significativement » la proportion de patients ayant dû être transférés en réanimation ou décédés, par rapport à ceux ayant reçu un traitement standard.

B. TOCILIZUMAB. L’AP-HP [Assistance Publique – Hôpitaux de Paris] a annoncé lundi 27 avril que, dans le cadre de son essai, le traitement par le médicament immuno-modulateur tocilizumab, utilisé habituellement dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, a montré son efficacité pour prévenir « l’orage inflammatoire » chez les patients du Covid-19 dans un état grave. Ce traitement a réduit « significativement » la proportion de patients ayant dû être transférés en réanimation ou décédés, par rapport à ceux ayant reçu un traitement standard, a indiqué l’AP-HP. Il s’agit du « premier essai comparatif par tirage au sort [qui fait] la démonstration d’un bénéfice clinique [de ce traitement chez des malades Covid souffrant d’une infection sévère] », ont souligné ses organisateurs au cours d’une conférence de presse téléphonique.

Des résultats communiqués à l’OMS

Ces résultats doivent encore être « consolidés » et seront publiés dans une revue scientifique d’ici quelques semaines. Mais l’AP-HP explique avoir décidé de les rendre publics dès maintenant « pour des raisons de santé publique », du fait du contexte de crise pandémique, et les avoir communiqués aux autorités sanitaires françaises et à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le tocilizumab (Actemra ou RoActemra), du laboratoire Roche, appartient à la famille des anticorps monoclonaux – des anticorps créés en laboratoire, issus d’une seule et même souche de lymphocytes et conçus pour répondre à une cible précise. Son principe est de bloquer l’action de certaines molécules qui sont libérées dans le cadre de la réaction immunitaire et qui favorisent l’inflammation. Certains patients atteints par le coronavirus connaissent une brusque aggravation de leur état après plusieurs jours, à l’origine d’une détresse respiratoire aiguë, un phénomène probablement lié à une réaction immunitaire excessive de l’organisme. 129 personnes hospitalisées dans treize hôpitaux ont été incluses dans l’étude : des malades du Covid-19 souffrant d’une pneumonie « de sévérité moyenne à grave » et qui avaient besoin d’une assistance en oxygène. Ce profil correspond « seulement à entre 5 % et 10 % des patients infectés » par le coronavirus, mais ils font partie de ceux qui ont le plus de risques d’être placés sous respiration artificielle ou de décéder, a souligné Xavier Mariette, co-investigateur coordonnateur de l’étude, au cours de la conférence téléphonique.

Un coût d’environ 800 euros par injection

La moitié des participants a reçu une ou deux injections de tocilizumab en plus du traitement standard (oxygène, antibiotiques et anticoagulants), tandis que l’autre moitié a reçu uniquement les soins standard. Ils ont ensuite été suivis pendant quatorze jours pour obtenir ces résultats intermédiaires, un suivi qui se poursuivra pour confirmer les conclusions. À ce stade, les chercheurs n’ont pas observé plus d’effets secondaires indésirables chez les patients ayant reçu l’immuno-modulateur que chez ceux qui ont reçu le traitement standard, a souligné le Pr Mariette. D’autres équipes ont déjà fait état de résultats encourageants concernant le tocilizumab, à l’hôpital Foch notamment, mais il s’agissait d’études « ouvertes », sans groupe de contrôle tiré au sort, qui n’apportent « pas le même niveau de preuve [et] ne permettent pas de définir un standard de traitement », ont souligné les chercheurs de l’AP-HP.

Le coût actuel du tocilizumab est d’environ 800 euros par injection, un prix élevé, mais bien moindre que celui d’une journée d’hospitalisation dans un service de réanimation, ont-ils indiqué. Un médicament comparable, le sarilumab (Kevzara), développé par Sanofi et Regeneron est également testé dans le cadre du même programme d’essais cliniques, baptisé CORIMMUNO, et les premiers résultats devraient être connus « dans les tout prochains jours », selon le Pr Mariette.

Avec AFP et Reuters

 

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