Emission d’Ilana Ferhadian. Chronique High tech de Daniel Rouach à 7h05 sur Radio J.

Cette semaine nous allons parler de Trucknet, une startup installée en France et basée à Eilat et qui sera certainement impliquée dans le « Corridor  de transport qui pourrait relier un jour l’Inde à l’Union européenne via les pays du Moyen-Orient, dont Israël ».

Trucknet est cotée à la Bourse de Tel Aviv depuis 2021 et possède moins de 100 employés et des bureaux en France, en Roumanie et en Israël.

Fondée il y a 10 ans par son PDG Hanan Friedman, la startup Trucknet a développé une plate-forme basée sur le cloud pour mettre en rapport cargaisons et camions et permettre aux entreprises de transport et logistique de réduire les coûts et d’économiser des ressources en optimisant les expéditions, quel que soit le mode de transport.

La technologie basée sur l’Intelligence Artificielle offre des fonctionnalités comme le suivi en temps réel des camions, l’état des expéditions et les calculs d’émissions pour chaque expédition.

J’ai eu l’occasion de rencontrer le PDG de Trucknet car l’inauguration de la filiale française à été organisée à Paris devant 160 personnes enthousiastes. Le PDG était venu avec un « GONG » énorme et avait amusé la salle entière.

Trucknet opère sur le marché international du transport et de la logistique, qui est évalué à environ $ 19,36 Milliards. L’entreprise compte environ un demi-million de camions connectés provenant de quelques 4 000 entreprises. Trucknet a mené un projet pilote conjoint avec le Groupe Renault.

LE CORRIDOR.

Trucknet est impliquée dans un projet incroyable, discuté depuis des années, qui intéresse Israël plus que jamais, car les Houthis du Yemen, soutenus par l’Iran, menacent de perturber encore plus sérieusement le commerce international.

La semaine dernière, Donald Trump a déclaré que lui et le Premier ministre indien Narendra Modi « étaient convenus de travailler ensemble pour aider à construire l’une des plus grandes routes commerciales de toute l’histoire. Il s’étendra de l’Inde à Israël en passant par l’Italie et les États-Unis, reliant nos partenaires, les routes, les chemins de fer et les câbles sous-marins ».

La France st impliquée dans le projet de corridor.

En 2023, Biden et Modi avaient déjà annoncé leur intention de créer un corridor de transport qui relierait l’Inde à l’Union européenne via les pays du Moyen-Orient, dont Israël.

Le Corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe est un projet de couloir logistique officialisé par un accord dont la France fait partie conclu lors du sommet du G20 de 2023 à New Delhi, destiné à relier l’Inde, le Moyen-Orient et l’Europe par des chemins de fer, des lignes maritimes, des pipelines et des câbles à haut débit.

Le projet de corridor « IMEC ».

Ce corridor devrait suivre une trajectoire de plus de 4 800 km en partant des côtes indiennes par la mer pour arriver aux Émirats arabes unis, traversant ensuite l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël en transport ferroviaire, avant d’atteindre l’Europe en bateau. Son objectif est de faciliter le commerce de marchandises, mais aussi d’électricité produit à partir d’énergies renouvelables via des câbles. Le projet prévoit aussi un « couloir d’hydrogène » reliant les villes portuaires de Dubaï, Djeddah (Arabie saoudite), Haïfa (Israël) des ports européens.

En , les attaques des houthis en Mer Rouge ont renforcé la détermination d’Israël à faire avancer ce projet de corridor terrestre reliant l’Inde à l’État hébreu via Abou Dhabi.

Le ralentissement du trafic maritime traversant le détroit de Bab-el-Mandeb accélère le trafic terrestre sur des itinéraires alternatifs traversant également l’Arabie saoudite et la Jordanie, ce que certains analystes considèrent comme un test pour le corridor IMEC.

Enjeu géopolitique.

Rapprocher le Moyen-Orient et l’Inde de l’Europe pourrait être une initiative reconstruisant l’antique route des Indes répondant à la la « Nouvelle route de la soie » initiée par la Chine, l’un des principaux soutiens étrangers de la Russie.

En outre, ce projet pourrait faciliter une éventuelle normalisation des relations diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite.

Ce plan permet en attendant à Riyad de se rapprocher de l’État hébreu tout en évitant d’officialiser une normalisation, tout en apportant de nombreux avantages économiques à l’Arabie saoudite dont Mohammed ben Salmane ambitionne de faire de son pays un « hub » de tous les secteurs.

Il bénéficie aussi à l’Inde dont les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite sont les troisième et quatrième plus grands partenaires commerciaux bilatéraux, mais aussi dans sa concurrence avec la Chine comme principale puissance économique asiatique. Riyad semble par ailleurs vouloir établir un climat de confiance avec Tel-Aviv dans le cadre des négociations sur la normalisation.

Date et lieu de signature.

Le , le Mémorandum d’entente (MoU) a été signé lors du sommet du G20 de 2023 à New Delhi par les gouvernements de l’Inde, des États-Unis, des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et l’Union européenne.

Entreprises impliquées.

Dans le secteur de la logistique, la société des Emirats « Puretrans » propose déjà des liaisons en camion de Bahreïn à Haïfa, parcourant 1 600 kilomètres en deux ou trois jours, et de Dubaï à Haïfa, sur 2 500 kilomètres en trois ou quatre jours.

Trucknet propose le même service de transport, avec une extension jusqu’en Égypte. En , Puretrens et Trucknet ont annoncé la signature d’un partenariat intégrant la société portuaire de Dubaï DP World pour livrer des marchandises du Golfe jusqu’au port de Haïfa, et inversement.

En , le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué le projet car il contourne la Turquie.

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