Les start-up israéliennes traversent une passe très difficile. Seul le secteur de la cybersécurité parvient à tirer son épingle du jeu.

Une crise politique aiguë, suivie d’une guerre dans la bande de Gaza qui n’en finit pas : Israël, qui se présente volontiers comme la « start-up nation » par excellence, la Silicon Valley du Moyen-Orient, a encaissé cette année des coups durs à répétition. Presque tous les indicateurs ont viré au rouge. Le volume des fusions, des acquisitions et des introductions en Bourse des entreprises de ce secteur a chuté de 57 % par rapport à 2022 à 7,5 milliards de dollars, le niveau le plus bas depuis une décennie, selon le cabinet de conseil et d’audit PwC.

Plus inquiétant : les investissements étrangers, essentiellement américains, qui irriguent à hauteur de 80 % les start-up, ont reculé de près de moitié, à 6,7 milliards de dollars depuis le début de l’année. Cette baisse affecte en particulier les start-up qui en sont à un stade précoce de leur développement.

La tech : 18 % du PIB

Faute de suffisamment de capitaux disponibles, la moitié d’entre elles n’ont qu’un horizon de visibilité de moins de six mois, selon une étude de l’Autorité israélienne de l’innovation. Résultat : l’Etat hébreu a rétrogradé de la 5e à la 10e place dans le monde, derrière l’Allemagne et la France, pour ce qui est des levées de fonds de capital-risque.

Cette contre-performance est d’autant plus douloureuse pour Israël qu’il s’agit d’un secteur vital, qui entraîne toute l’économie en assurant la moitié des exportations, des revenus fiscaux du pays. La tech pèse 18 % du PIB, contre 10 % aux Etats-Unis et 6 % en Europe. Les mauvaises nouvelles se sont accumulées. Durant les trois premiers trimestres, les énormes manifestations contre un projet de réforme judiciaire jugé liberticide du gouvernement de Benyamin Netanyahou, visant à réduire les pouvoirs de la Cour suprême, ont créé un climat politique conflictuel et incertain.

De nombreux patrons de la high-tech ont été à l’avant-garde du mouvement de contestation, certains d’entre eux menaçant de transférer leurs activités à l’étranger. Puis, est survenue la guerre dans la bande de Gaza à partir du 7 octobre 2023. L’armée israélienne a aussitôt appelé sous les drapeaux 350.000 réservistes. Environ 15 % des employés des start-up ont été mobilisés, provoquant de sérieux problèmes de gestion du personnel et des à-coups dans la production, ainsi que dans l’activité des services de recherche et développement. Sur ce front aussi, le facteur incertitude joue à plein. « Personne ne sait combien de temps cette guerre va durer, ni comment elle affectera le caractère de notre économie. Dans tous les cas, elle représente un danger potentiel dramatique pour le pays, y compris pour son image de start-up nation », constate Yaron Weizenbluth, partenaire associé de PWC.

Le rôle de la SEC

Seules les entreprises spécialisées dans la cybersécurité font exception dans ce tableau plutôt déprimant. Les attaques de groupes de hackers agissant pour leur compte ou manipulés en sous-main par des services de renseignements gouvernementaux se sont multipliées à la suite de la guerre en Ukraine et dans la bande de Gaza ; ce qui a dopé le secteur.

La SEC, l’autorité américaine des marchés financiers, a également contribué à cet engouement, en prescrivant aux entreprises victimes de cyberattaques de le signaler dans un délai maximum de cinq jours et de préciser les mesures prises pour parer à ces agressions. Des firmes telles que Palo Alto, dont la valorisation approche désormais la barre des 100 milliards de dollars (soit un doublement depuis le début de l’année) ou CyberArk et Check Point, deux entreprises israéliennes leaders dans la cybersécurité, avec une croissance respective de 61 et de 17 % depuis le début de l’année, ont aussi profité à plein de cette aubaine.

COPYRIGHTS. LES ECHOS.

Partager :