Depuis les attaques des rebelles houthis en mer rouge et dans le détroit de Bab al-Mandeb, les principales compagnie maritimes (le suédois Maersk, l’italo suisse MSC, le français CMA CGM, l’hongkongais OOCL et la taïwanaise Evergreen) ont décidé de suspendre leurs liaisons par ce trajet.

Une galère de plus pour le port d’Ashdod, le plus important d’Israël, en service depuis près de soixante ans. Une infrastructure dont l’actionnaire majoritaire est l’Etat et qui s’étend sur 47 km². La bande de Gaza est à moins de 30 km et ici, on entend régulièrement les sirènes qui signalent les départs de roquettes en provenance de l’enclave palestinienne.

Depuis le 7 octobre et le massacre terroriste du Hamas, le trafic s’est singulièrement contracté sur les onze quais que compte la plateforme maritime.

De son bureau, le directeur général du port Eli Bar Yossef estime à «30% la baisse d’activité» et détaille : «Nous recevons aujourd’hui 12 à 18 bateaux par jour.» En période normale, ce chiffre monte à plus de 30.

La crise est encore plus visible pour le marché de l’importation des voitures. «Il arrive environ 1200 véhicules par mois contre 12000 habituellement», poursuit Eli Bar Yossef, à la tête de 1 280 salariés dont près d’une centaine est actuellement mobilisée par l’armée.

Quant aux croisières, elles se sont carrément arrêtées après un début prometteur: 60000 passagers en 2022, le double attendu cette année.

Sur l’un des onze quais, l’inactivité est criante en ce matin de décembre et la quasi-totalité des grues est à l’arrêt. Un importateur en affaires avec le port depuis plusieurs décennies dresse un tableau particulièrement sombre. «Selon moi, la baisse de trafic atteint plutôt 50%. Ici, nous traitons des marchandises au départ et à l’arrivée d’Israël, mais aussi des importations pour la Cisjordanie et Gaza, en provenance essentiellement d’Asie et de Turquie.» Or, ce trafic s’est quasiment interrompu avec la guerre.

Une partie des opérateurs gazaouis passe toutefois par des relais d’affaires situés du côté de Ramallah, en Cisjordanie, pour maintenir en partie des commandes.

Côté israélien, la mobilisation de plus de 300.000 réservistes entraîne une sérieuse baisse de la consommation et donc des achats de produits manufacturés en provenance d’Asie.

«Mes entrepôts sont pleins à craquer de marchandises», s’inquiète l’importateur, qui ne peut que constater la réduction drastique des cadeaux de fin d’année.

Plus grave encore, lLes bateaux vont maintenant contourner l’Afrique et ce sera entre deux et trois semaines de plus de transport avec une augmentation des prix en proportion, sans compter que les assureurs vont eux aussi revoir à la hausse leurs tarifs au regard de la tension dans toute la région.

Et lorsqu’elles auront effectué ce périple rallongé, les grandes compagnies maritimes pourraient, pour certaines d’entre elles, «zapper» l’arrêt à Ashdod et décharger les marchandises qui lui sont destinées dans les ports voisins de Larnaca (Chypre) ou Port-Saïd (Egypte).

Charge ensuite aux importateurs israéliens ou à leurs transitaires, à qui est déléguée cette mission, d’aller récupérer les marchandises avec un système de navettes.

«Les prix vont tellement augmenter que les importateurs ne voudront plus faire venir les marchandises d’Asie mais iront les acheter, même plus cher, en Europe», s’inquiète l’importateur précité, qui n’a pas connu pareille crise depuis trente ans et dit espérer une coalition des Etats-Unis et de l’Union européenne pour protéger la mer Rouge et frapper si besoin les Houthis.

Non loin de là, attablé à la cantine d’Overseas, Uri Shochat formule quelques regrets, et souhaite que, dans le futur, Gaza soit libéré de l’emprise du Hamas, indépendant et prospère : «Ce pourrait être le Singapour du Moyen-Orient avec sa plage, des hôtels et des casinos. Regardez à Dubaï, ils n’ont pas d’armée, ils ont investi uniquement dans l’économie.»

Source : Libération (résumé Israël Valley)

 

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