Le ghetto de Varsovie a été créé par les Allemands un an après l’invasion de la Pologne en 1939. Leur but était d’exterminer ses habitants par la faim et les maladies, ou de les déporter vers le camp de la mort de Treblinka, à 80 kilomètres à l’est de Varsovie.

Jusqu’alors, seules 12 photos de ce ghetto, hors celles prises par les Allemands à des fins de propagande étaient connues pour représenter le lieu, mais de nouvelles archives viennent d’être retrouvées dans un carton oublié et ont présentées mercredi dernier dans la capitale polonaise.

«Cette pellicule est un document inestimable car elle dépasse la  perspective allemande, (…) cette perspective des bourreaux, qui photographiaient les juifs en tant que victimes déshumanisées, anonymes», a indiqué l’historien de l’Holocauste Jacek Leociak, lors d’une conférence au musée de l’Histoire des Juifs Polin.

Les photos ne représentent pas les combats. Sur une d’entre elles, prise d’en haut, un groupe de juifs – hommes, femmes et enfants – est escorté par les soldats allemands, armes à la main, vers Umschlagplatz, lieu de départ vers les camps d’extermination.

Au total, 33 photos du ghetto figurent sur cette pellicule miraculeusement retrouvée en décembre. Elles ont toutes été prises par Zbigniew Grzywaczewski, un pompier polonais appelé à éteindre les incendies provoqués par les nazis après le déclenchement de l’insurrection du ghetto de Varsovie, le 19 avril 1943.

Les Allemands mirent systématiquement le feu aux bâtiments du ghetto pour en chasser les habitants et les insurgés qui s’y cachaient et seules 12 photos de cette pellicule étaient connues jusqu’à présent, mais uniquement sous forme d’empreintes sur du papier de mauvaise qualité, cadrées étroitement, la pellicule elle-même étant longtemps restée introuvable.

Les empreintes ont été transmises par l’auteur à une famille juive qui se cachait dans son appartement pendant la guerre et qui a émigré par la suite aux États-Unis. Dans les années 1990, elles les a offertes au Mémorial de l’Holocauste à Washington. Il y a six mois environ, les organisateurs de l’exposition à venir, qui connaissaient ces clichés, ont contacté la famille du photographe, dans l’espoir d’en trouver d’autres. Et c’est le fils de Zbigniew, Maciej, qui a retrouvé la vieille pellicule aux bords endommagés dans un carton oublié depuis des décennies, contenant les archives photographiques de son père, mort en 1993.

«À la demande de la commissaire de l’exposition, je me suis mis à chercher, longtemps sans succès. Finalement, en regardant dans la dernière boîte du dernier des cartons contenant les archives photographiques de mon père, j’ai trouvé cette pellicule». Sur la pellicule se trouvent aussi bien les photos de sa mère, de sa famille que des images du ghetto. «On peut dire que toute cette pellicule s’appelle la guerre et l’amour», a-t-il ajouté.

Source : Le Figaro – Résumé par Israël Valley

 

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