Maroc-Israël: l’innovation, pour booster les relations bilatérales.
Deux ans après l’annonce de la réactivation des mécanismes de coopération entre le Maroc et Israël, plusieurs initiatives en matière d’innovation ont été lancées. Selon plusieurs experts, l’écosystème des start-up israélien peut servir de modèle pour construire un «start-up kingdom» marocain. Le point.
Les échanges commerciaux entre le Maroc et Israël ont toujours existé. Mais, ils ont été renforcés davantage à la suite de la signature de l’accord tripartite Maroc-Etats-Unis-Israël en décembre 2020. En matière d’innovation et de technologie, le potentiel à exploiter est énorme, comme le signale Tamar Saraga, consultante et experte en innovation et membre fondatrice du board de la Chambre de commerce Israël-Maroc.
Il y a une complémentarité entre les deux écosystèmes. Dans des domaines comme l’agriculture, l’automobile, l’aéronautique, ou encore la gestion de l’eau et les énergies renouvelables, Israël est l’un des leaders mondiaux et peut apporter de l’innovation pour booster l’accélération industrielle au Maroc.
Tamar Saraga signale qu’il y a beaucoup de choses à partager entre le Maroc et Israël. Et les multiples échanges entre ces deux pays en sont la preuve. On se rappelle le lancement du premier vol Royal Air Maroc à Tel-Aviv, qui a permis à une délégation marocaine d’aller à la rencontre de plusieurs acteurs industriels et de l’innovation israéliens.
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«Il y a aussi le Forum “Morocco-Israel: Connect to Innovate”, qui a, pour moi, vraiment changé la donne. Sur les treize accords qui ont été signés pendant cet événement, huit étaient plutôt de nature institutionnelle, mais il y en a eu cinq qui étaient vraiment des accords de société à société», se félicite celle qui a été à l’initiative de ce rendez-vous, notamment avec la Start-Up Nation Central, le bureau de liaison à Tel-Aviv et le Consensus Public Relations (CPR).
«En 2021, l’accent a été mis davantage sur les accords institutionnels. L’année 2022 a été, toutefois, marquée par plus d’accords conclus entre entreprises privées. Maintenant, je commence à voir des sociétés israéliennes qui ont décidé de s’implanter au Maroc (telles que Gandyr, H2Pro, NewMed, entre autres, NDLR) pour avoir une activité pour couvrir le Royaume. Il commence alors à y avoir une prise de conscience du côté israélien et une découverte du marché marocain que les entreprises israéliennes n’imaginaient pas directement accessible jusqu’à récemment», ajoute Tamar Saraga.
«Du côté marocain, je tiens à rappeler l’investissement par UM6P Ventures dans deux start-up israéliennes en 2022. Sans oublier le potentiel du Maroc en matière d’industries complexes d’aéronautique et automobile, qui lui permettrait de devenir un nearshore pour la production de technologies de pointe israéliennes», signale cette native de Rabat.
«Cette dynamique doit davantage s’accélérer en 2023. Et tous ces échanges doivent nous permettre maintenant de commencer à récolter le fruit de ces deux années de travail. Je laisserai à chacun des acteurs concernés maintenant de nous annoncer les bonnes nouvelles à une fréquence beaucoup plus rapprochée», conclut-elle.
Pour sa part, Aviva Steinberger, directrice de la diplomatie de l’innovation chez Start-Up Nation Central, rappelle que depuis deux ans, la coopération Maroc–Israël connaît une dynamique croissante en matière d’innovation. «Nos deux pays s’intéressent à plusieurs domaines d’intérêt commun, notamment l’eau, l’énergie et l’agriculture. Ce sont-là des domaines où l’écosystème d’Israël regorge d’innovations», fait-elle savoir.
«Nous pensons, à la Start-Up Nation Central, que l’écosystème marocain représente un énorme potentiel pour le marché israélien. C’est pourquoi, en mai dernier, une délégation d’une trentaine d’entreprises innovantes d’Israël est arrivée dans le Royaume pour discuter de ce potentiel. Il y a eu un nombre important de protocoles d’entente signés à la fois entre la Start-Up Nation Central et certains de ces partenaires, mais aussi entre les entreprises marocaines et celles israéliennes. L’idée était de propulser cette voie de collaboration à long terme», explique l’experte..
Aviva Steinberger donne plus de détails: «Nous voulons ainsi nous concentrer, tout d’abord, sur l’écosystème du capital humain, en nous focalisant sur les talents technologiques qui existent dans les deux pays et en explorant les opportunités qui s’offrent à nous. Il est aussi question d’axer nos échanges sur le partage et le transfert des connaissances. C’est dans ce cadre que s’inscrivait, par exemple, la visite d’une délégation de l’UM6P, en novembre dernier. L’objectif était de se renseigner sur les modèles de transfert de technologie d’Israël, visiter les différentes universités et comprendre comment l’entrepreneuriat et l’innovation sont encouragés au niveau universitaire.»
«Nous espérons également créer davantage de business engagement», insiste-t-elle. «Nous nous intéressons également à l’innovation climatique. Nous pensons que le Maroc et Israël peuvent collaborer ensemble pour créer un impact énorme. Le changement climatique ne connaît pas de frontières. Et nous pensons que l’innovation non plus.»
«Une grande partie de ce que nous avons fait au cours des deux dernières années s’est concentrée sur l’établissement de relations de confiance. Et donc je pense que c’est dans cette direction que nous devrions continuer», poursuit la responsable de Start-Up Nation Central.
Comme Tamar Saraga, Aviva Steinberger reste persuadée que, dans la majorité des domaines, il est possible de développer une collaboration fructueuse basée sur la complémentarité entre les deux pays et la contribution de l’innovation israélienne aux industries où il y a une priorité au Maroc.
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