Le lancement de l' »Opération Aurore » de Tsahal vendredi après l’élimination en plein jour du chef du Jihad islamique Taysir Jabari, est très similaire à celui de l’opération « Ceinture noire » le 12 novembre 2019 suite à l’élimination du haut responsable du Jihad de l’époque, Baha Salim Abu Al Ata. Jabari, qui a succédé à Al Ata, a trouvé la mort de la même manière deux ans et demi plus tard.

C’est une décision cruciale d’Israël d’initier et de ne pas riposter, de surprendre et de ne pas se laisser entraîner, de diriger et de ne pas patienter.

La décision a été précédée de plusieurs jours de haute tension et d’alerte à la frontière de la bande de Gaza, après qu’un autre haut responsable du Jihad a été arrêté cette semaine à Jénine. L’organisation terroriste a promis de répondre avec force – mais n’était pas pressée de le faire.

Israël a utilisé ce temps pour se préparer – à la fois sur le plan du renseignement et sur le plan opérationnel – au début de l’opération.

Alors que le Jihad proférait des menaces, Tsahal a déployé des batteries du « Dôme de fer » dans le centre du pays. Pendant qu’à Gaza, ils débattaient de la manière et des moyens de réagir, et qu’apparemment le patron iranien n’était pas pressé de trancher – Israël a alors recueilli des renseignements précis qui ont rendu l’assassinat possible.

Selon l’évaluation de la situation au niveau politique à Jérusalem, l’opération ne durera pas qu’un ou deux jours, mais Israël n’a aucune envie d’être entraîné dans une opération prolongée qui paralysera la vie de ses habitants au milieu des vacances d’été.

Alors que des dizaines de milliers d’Israéliens voyagent chaque jour vers l’étranger, la dernière chose qu’ils souhaitent, c’est la fermeture de l’aéroport.

Malgré tout, il est probable qu’Israël soit confronté à au moins plusieurs jours de haute tension, de restrictions de mouvement et d’alertes à la roquette.

Dans les premières heures de l’opération, l’organisation terroriste de Gaza a lancé des centaines de roquettes vers le territoire israélien, et l’armée israélienne a attaqué de nombreuses infrastructures du Jihad. Le Caire, qui joue un rôle important dans la médiation de la paix entre Israël et les hauts responsables jihadistes, aura donc du mal à obtenir un cessez-le-feu en peu de temps.

Après avoir essuyé une perte de moral importante à la suite de l’assassinat, le Jihad voudra lutter pour une « image de victoire » et ne se contentera pas de tirer uniquement sur les localités à la frontière de la bande de Gaza. Par conséquent, on estime que l’organisation tentera de tirer des missiles à longue portée vers les villes centrales d’Israël – et Israël fera tout son possible pour contrecarrer ces tentatives à l’avance.

Le chef d’état-major, le lieutenant-colonel Aviv Kochavi, un officier expérimenté qui connaît bien la boue de Gaza tant du point de vue du renseignement que des aspects opérationnels, approche de la fin de son mandat et dans très bientôt, le ministre de la Défense Benny Gantz devrait annoncer l’identité de son remplaçant.

Kochavi ne voudra pas terminer son mandat par une « tache », et mettra donc tout en œuvre pour terminer l’opération au plus vite, avec un maximum de réalisations et un minimum de pertes.

Cet objectif est également le même pour Yaïr Lapid, le nouveau Premier ministre temporaire, qui est en poste depuis 5 semaines. Lapid fait face au défi le plus important de sa vie, car pour la première fois il se retrouve avec toutes les responsabilités sur ses épaules – alors qu’il est en pleine campagne électorale. Lapid sait que chaque décision qu’il prendra pendant l’opération affectera non seulement la vie de millions d’habitants en Israël, mais aussi le résultat dans les bureaux de vote.

Tout ce qu’il fait ou ne fait pas sera utilisé contre lui dans la propagande électorale de ses opposants, menée par le chef de l’opposition, l’ancien Premier ministre Benyamin Netanyahou. Bien que Lapid ait déjà passé plusieurs bonnes années autour de la table des décisions en cas d’urgence, il y a une énorme différence entre la présence au cabinet et la pleine responsabilité des décisions. Lapid doit prouver aux dirigeants de Gaza qu’il n’est pas là pour jouer et qu’il a une tolérance zéro envers les menaces.

Quiconque laisse entendre que Lapid et Gantz se sont lancés dans l’opération pour des raisons politiques se trompe. D’abord, parce que ce n’est pas leur genre. Deuxièmement, parce que le risque est trop grand. Et troisièmement, parce que ces dernières années, le rythme de développement et de déclin des opérations militaires de ce type est à chaque fois assez similaire, et malgré de nombreux efforts, l’image de la victoire n’est claire ni pour l’un ni pour l’autre.

En pratique, les opérations se terminent par un cessez-le-feu négocié par l’Égypte, chaque camp ne montrant que des réalisations partielles.

Israël sait qu’il n’exterminera pas le terrorisme à Gaza, et les organisations de Gaza savent qu’elles ne rayeront pas Israël de la carte. Alors que les deux parties comprennent les tenants et les aboutissants de cette réalité, elles feraient bien de s’efforcer de mettre fin à l’opération au plus vite.

Ariel Schmidberg est le directeur des news d’i24NEWS

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