Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris propose jusqu’au 28 août une exposition « Marcel Proust, du côté de la mère » qui est la première manifestation en France présentant l’écrivain à travers le prisme de sa judéité. Organisée à l’occasion du centenaire de sa mort, cette exploration met en avant un axe important de la construction de sa personnalité et de son œuvre. Peintures, dessins, gravures, ouvrages permettent de découvrir ce sujet inédit, à travers des thèmes touchant aux liens familiaux et aux « mondes » de Proust, ainsi qu’à ses engagements.

Avec près de 230 peintures, dessins, gravures, ouvrages, documents — dont des œuvres majeures de Monet (l’un de ses peintres préférés), Rodin, Bonnard ou Vuillard, ainsi que des épreuves corrigées par l’auteur de Du côté de chez Swann et de Sodome et Gomorrhe — l’exposition aborde un aspect fondamental de la personnalité et de l’œuvre de Marcel Proust (1871-1922) qui, à la disparition de sa mère, en 1905, se mit sérieusement au travail, porté par la pensée qu’il lui serait « si doux avant de mourir de faire quelque chose qui aurait plu à maman ». L’écriture de son grand œuvre, À la recherche du temps perdu, l’accaparera dès lors jusqu’à sa mort.

Après avoir mis en lumière le lien de Proust avec sa famille maternelle, les Weil — israélites parfaitement intégrés à la bourgeoisie moderne de leur temps qui jouèrent un rôle important dans l’histoire des juifs de France —, l’exposition s’articule autour de plusieurs thèmes abordant les sociabilités de l’auteur, son engagement au moment de l’affaire Dreyfus, sa vision de l’homosexuel considéré comme un alter ego du juif, l’éclosion d’une modernité portée par des intellectuels et des artistes juifs au début du 20e siècle, ainsi que la question de la mémoire comme élément central de l’identité juive et de l’écriture de la Recherche.

L’exposition évoque également les lieux qui ont marqué sa vie, sa participation à la Revue blanche, l’influence qu’eut sur lui l’écrivain anglais John Ruskin – dont Proust et sa mère traduiront Sésame et les lys –, la structure des manuscrits proustiens rappelant celle du Talmud, son intérêt pour l’histoire d’Esther ou le Zohar, les personnages juifs de la Recherche, l’antisémitisme dans la France de la fin du 19e et du début du 20e siècle, ou encore la réception critique de ses ouvrages dans les revues sionistes des années 1920.

À travers la judéité de l’écrivain, l’exposition révèle aussi cette « part juive », trop souvent ignorée, de la France du 19e siècle, où les israélites purent accéder à tous les domaines de la vie politique, économique, sociale et culturelle, dans un mouvement d’intégration sans précédent dans l’histoire et alors sans équivalent en Europe.

L’exposition « Marcel Proust, du côté de la mère », bénéficie de prêts d’une trentaine d’institutions à l’étranger et en France, parmi lesquelles la BnF, le musée du Louvre, le musée Carnavalet, le musée Marcel Proust à Illiers Combray, et de prêts exceptionnels du musée d’Orsay. Elle est accompagnée d’un riche programme (rencontres, conférences, concerts, activités pour le jeune public, visites guidées et promenades hors les murs).

Source : MAHJ

 

Partager :