La loi de finances pour 2022 prévoit un recul de l’âge de la retraite des femmes de 62 à 65 ans sur une période de onze ans.

En Israël de 2021, l’âge légal de la retraite est de 67 ans pour les hommes et 62 ans pour les femmes. Israël se distingue des autres pays occidentaux : la moyenne des pays de l’OCDE est d’environ 65 ans pour les hommes et 64 pour les femmes.

C’est donc bien l’âge de la retraite de la femme qui est en cause ; il est plus bas que la moyenne internationale et l’écart entre les deux sexes (5 ans) est un des plus élevé au monde.

Israël n’a plus le choix : il faut reporter l’âge légal pour la femme sans attendre davantage.

Voici 5 raisons de repousser l’âge de la retraite de la femme en Israël :

1. L’espérance de vie ne cesse de progresser.

Grâce aux progrès de la médecine, l’espérance de vie en Israël est une des plus élevées au monde : 80,7 ans pour les hommes et 84,8 pour les femmes.

La question de l’âge de la retraite se pose surtout pour la femme ; en moyenne, celle-ci vivra quatre années de plus que l’homme mais elle partira à la retraite cinq ans avant lui.

Qui plus est : en 2000, l’espérance de vie de l’Israélienne était de 80,9 ans, soit un gain de 4 ans en vingt ans.

2. Les fonds de pension sont déficitaires.

Du point de vue des retraites, l’allongement de l’espérance de vie signifie davantage d’années de pensions à verser.

A l’heure actuelle, tous les régimes israéliens de retraite, privés comme publics (sécurité sociale) présentent des déficits actuaires qui augmentent avec l’espérance de vie des assurés.

Certains fonds privés ont même commencé à réduire le montant des pensions versées pour faire face à leurs engagements ; un report de l’âge légal permettrait de rééquilibrer les comptes.

3. Les cotisations sont insuffisantes

Aujourd’hui, les cotisations prélevées par la sécurité sociale tout comme les primes pour la retraite complémentaire, sont particulièrement basses en Israël.

Un recul de l’âge de la retraite de la femme permettrait d’éviter de relever les cotisations ; à moyen terme, on pourrait même envisager de les réduire.

Autrement dit, pour garder le niveau actuel des pensions et des cotisations, il devient obligatoire de repousser l’âge du départ à la retraite de l’Israélienne.

4. L’entrée des jeunes sur le marché du travail se fait tardivement

Le jeune israélien arrive tardivement sur le marché du travail ; le service militaire et les études supérieures en sont les causes principales.

Sans compter que le travail à temps partiel est très répandu parmi les jeunes ; en 2020, 21% des Israéliens travaillaient à temps partiel, mais ce n’est que la moyenne ; le taux monte à 30% parmi les femmes contre 13% chez les hommes.

Moins d’années et d’heures de travail signifie une durée de cotisations plus courte : pour équilibrer les comptes sociaux, une entrée tardive sur le marché du travail doit s’accompagner d’un report de l’âge de départ en retraite.

5. La population active est en baisse

Le vieillement de la population israélienne se traduit inéluctablement par une réduction de la population active.

En 2020, 59,1% des Israéliens de plus de 15 ans travaillaient, contre 61,1% en 2016 ; le taux d’activité du pays a perdu deux points en quatre ans.

Ce phénomène devrait aller en s’accentuant ; le pays risque de manquer de main d’œuvre si les seniors quittent trop tôt le marché de l’emploi.

Un report de la retraite pour la femme permettrait de résoudre de nombreuses pénuries de main d’œuvre qui touchent plusieurs secteurs de l’activité en Israël.

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Bien sûr, le report de l’âge légal de la retraite de la femme se fera progressivement ; il s’accompagnera de mécanismes compensatoires qui prendront en compte les métiers les plus éprouvants.

En 2022, le recul de l’âge de la retraite de la femme en Israël est une nécessité ; une nécessité urgente.

Times of Israel.
à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998 et à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005. Aujourd’hui, il enseigne l’économie d’Israël au Collège universitaire de Netanya. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
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