CHRONIQUE HIGHTECH. SUR RADIO J CE MATIN A 7H05.

De Daniel Rouach.

Dans notre émission de ce jour nous posons une question : Israël et la Russie, allons nous assister à un arrêt du business hightech entre les deux pays?

Depuis le début de la crise entre la Russie et l’Ukraine, aucune firme israélienne du hightech n’a annoncé son départ brutal de Russie, contrairement à de nombreuses firmes américaines et européennes. Il est certain que les relations hightech entre la Russie et Israël vont croître de manière spectaculaire. Les milliers d’ingénieurs israéliens, souvent originaires de Russie et vivant en Israël, évitent de s’impliquer dans le conflit.

Le contexte israélien : la high-tech israélienne a enregistré une hausse de 136% des investissements par rapport à 2020 et une explosion du nombre de ses licornes. Au-delà des chiffres, le secteur connaît aussi une évolution qualitative qui tend à préserver davantage un management israélien. En israël les firmes de cyber s’attendent à une progression considérables de leurs affaires.

LES FAITS. Le ministère israélien de l’Économie et de l’Industrie a affirmé que jusqu’à présent, il n’y a pas eu de perturbations dans les échanges de biens et de services avec l’Ukraine et la Russie, malgré l’invasion russe de son voisin occidental qui se poursuit, mais il a mis en garde contre de possibles augmentations de prix.

Moscou et Jérusalem ont considérablement intensifié leur coopération militaire ces dernières années et 5 armes israéliennes intéressent particulièrement la Russie.

A. La défense antimissile :

La technologie russe a pris du retard par rapport à l’Occident, et surtout aux Israéliens, dans ce domaine. La famille de missiles israéliens SPIKE possède des capacités qui font cependant défaut aux Russes et qui comprend les profils d’attaque « fire and forget » et « top », qui permettent au SPIKE de frapper les chars ennemis au niveau le plus vulnérable.

B. Renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR) :

L’expérience de plusieurs guerres à Gaza, sans parler du conflit de 2006 contre le Hezbollah et de l’occupation actuelle de la Cisjordanie, a donné à l’État israélien une capacité inégalée à créer une image de l’espace de combat.

C. Systèmes avioniques :

Avec une industrie électronique étroitement liée au secteur aérospatial militaire, Israël s’est spécialisé dans le type de mises à niveau que les avions russes pourraient certainement utiliser. Il s’agit notamment de radars avancés, de systèmes de fusion de capteurs et de nacelles de capteurs nécessaires au ciblage de munitions guidées avec précision.

D. Militaire.

La technologie israélienne a déjà fait son chemin dans diverses armées à travers le monde, y compris en Russie.

En même temps, l’industrie militaire russe a besoin d’infusions constantes de technologie afin d’achever la transition de l’après-guerre froide. Malgré les tensions de longue date entre les deux pays, les relations entre Moscou et Jérusalem pourraient s’avérer fructueuses pour les deux pays dans les prochaines décennies.

E. COVID 19.

Israël a récemment fait part de sa volonté de signer un contrat de libre-échange avec l’Union économique eurasiatique. Et en ces temps de crise sanitaire, c’est autour de la recherche de vaccins contre la Covid-19 que l’on a observé un nouveau rapprochement entre les deux pays.

G. INVESTIR.

Le marché israëlien semble également attirer de plus en plus d’investisseurs russes, dont TMH International qui appartient à Transmashholding, géant ferroviaire russe fondé par les hommes d’affaires Andrey Bokarev et Iskander Makhmudov.

Une alliance qui permettra notamment le lancement de nouveaux projets de transports urbains et ferroviaires dans le pays. “Nous entrons sur le marché israélien car nous pensons que l’industrie ferroviaire israélienne a un grand potentiel de croissance. En tant qu’investisseurs industriels, nous voulons participer à l’effort national pour améliorer et développer le système ferroviaire israélien“, a déclaré Kirill Lipa, PDG de TMH, à l’occasion de sa visite en Israël en décembre 2020. Une contribution russe de grande ampleur dans un secteur industriel clé pour l’Etat d’Israël, en somme.

Les relations entre ces deux acteurs incontournables des relations internationales continueront-elles de se renforcer au cours des prochaines années ? Une chose est certaine, les divergences rencontrées jusqu’ici sur certains dossiers géopolitiques ne sauront ternir l’entente historique entre les deux nations ni affaiblir leurs intérêts économiques réciproques.

 

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