Alors que les tensions persistent entre la Russie et l’Ukraine, le rêve ukrainien risque de tourner au cauchemar pour la technologie israélienne.

Les sociétés israéliennes, qui recherchaient une main d’œuvre spécialisée et à bas salaires à Kiev ou Odessa, se sont retrouvées dans une zone de guerre.

Les forces armées ukrainiennes et les séparatistes prorusses qui s’affrontent dans l’Est de l’Ukraine n’ont apaisé les tensions russo-occidentales et ont laissé beaucoup d’hommes d’affaires israéliens sur le qui-vive ; le conflit Russie-Ukraine met en péril la coopération technologique entre Israéliens et Ukrainiens.

Main d’œuvre bon marché.

Depuis quelques années, la pénurie de main d’œuvre spécialisée dans les métiers de la technologie contraint les sociétés israéliennes à chercher ailleurs, voire à délocaliser leurs centres de recherche et de production outre-mer.

Très vite, l’Europe centrale s’est avérée être un vivier de techniciens et ingénieurs qui manquaient à Israël ; les Israéliens d’origine russe ont aussi servi d’intermédiaire pour le recrutement d’un personnel spécialisé.

Depuis le début de l’ère d’Internet, les entreprises israéliennes de haute technologie sont actives en Ukraine ; celle-ci présente l’avantage de disposer d’une main d’œuvre formée et à bas salaire, l’idéal pour les jeunes startups comme pour les sociétés plus anciennes qui peinent à recruter en Israël.

Bien qu’il n’existe pas de chiffre officiel, le nombre de travailleurs ukrainiens au service des entreprises israéliennes tournerait autour de 15.000 personnes ; un effectif qui fait de l’Ukraine un atout essentiel pour la croissance de la Nation Startup.

Haro sur la Pologne.

L’inquiétude des sociétés israéliennes est donc justifiée ; perdre une masse importante de main d’œuvre serait un coup de grâce porté à de nombreux secteurs (comme logiciels, cybersécurité et jeux en ligne).

La crise en Ukraine a donc contraint de nombreux patrons du high-tech israélien à envisager une solution de rechange ; l’appétit d’Israël pour recruter des travailleurs en Europe de l’Est commence à s’orienter vers d’autres pays.

Si la Serbie et la Bulgarie sont sur la ligne de mire, c’est la Pologne qui semble le pays idéal pour assurer la relève de l’Ukraine en cas de crise à répétition.

La frontière commune entre la Pologne et l’Ukraine faciliterait les transferts d’hommes et de matériel s’il devenait nécessaire d’évacuer rapidement des zones de guerre.

 

à propos de l’auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998 et à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005. Aujourd’hui, il enseigne l’économie d’Israël au Collège universitaire de Netanya. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Les Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Editions Plein Jour, 2018). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
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