Créée en 2015, la start-up israélienne Anyvision s’est spécialisée dans la reconnaissance visuelle des humains et des objets. Les caméras intelligentes indexent et analysent les informations grâce à l’IA et au deep learning. Ses partenaires s’appellent Bosch, Nvidia, Google ou Microsoft. 
« Si Google et Microsoft nous font confiance, c’est que notre solution est meilleure que les autres, et de loin, sinon ça ne suffirait pas », explique à L’Usine Digitale Eylon Etshtein. Les Israéliens sont bien connus pour leur franc parler, et le PDG et co-fondateur d’Anyvision ne déroge pas à la règle. Son ambition est de devenir “leader” d’un secteur en expansion.

Trois nouveaux bureaux.

La start-up basée à Tel Aviv avait bouclé en 2018 son premier cycle de financement mené par Bosch. La firme allemande spécialisée dans les caméras de surveillance est un partenaire naturel d’Anyvision et possède désormais 9% des parts de l’entreprise. Grâce à cette première levée de fonds, la start-up prévoit d’ouvrir de nouveaux bureaux.

Si la reconnaissance visuelle est un domaine d’étude très suivi en Israël, c’est en Europe que la jeune pousse a trouvé son bonheur. “Nos algorithmes et nos produits sont le fruit de recherches fondamentales collectées au Royaume-Uni dans les meilleures universités du pays : Oxford, Cambridge, Queens. Mon associé, le professeur Neil Robertson, a trouvé les moyens de les appliquer et ainsi est née Anyvision”, détaille Eylon Etshtein. Depuis, la start-up équipe les caméras de capteurs capables de discerner les visages, les corps et les objets. Les captures sont traitées par un logiciel central capable d’analyser, prévenir, guider les utilisateurs dans différents cas.

“Etant donné les enjeux auxquels nous faisons face dans la région, nous avons commencé par développer l’aspect sécuritaire autour de notre produit Better tomorrow lancé l’année dernière et qui a beaucoup de succès. Nous sommes capables de retrouver des criminels ou des terroristes parmi la foule mais nous pouvons aussi retrouver un enfant perdu ou une personne âgée qui a des problèmes de mémoire par exemple”, précise Eylon Etshtein. La précision est estimée par la start-up à 99%.

Des améliorations ont été effectuées pour s’adapter au mauvais temps, au manque de lumière ou à des angles difficiles pour la visibilité. « Il ne s’agit pas seulement de la précision du système, mais aussi de sa capacité d’évolution », explique le PDG à L’Usine Digitale, faisant référence au deep learning et à l’IA utilisés. En parallèle, un autre produit appelé Facekey est également en développement. Cette application mobile de reconnaissance visuelle est utilisée pour les autorisations d’accès en entreprise ou pour accéder à son compte bancaire.

Sur les cinq continents.

“Nous sommes présents dans le monde entier, plus de 100 projets sont déjà en cours sur tous les continents”, souligne Eylon Etshtein. Anyvision travaille avec des gouvernements, des formations policières mais aussi des écoles, des infrastructures sportives et des aéroports. Le géant américain a passé des contrats avec de nombreuses municipalités mondiales pour construire la smart city de demain. Le projet Métropolis de Nvidia est l’une des collaborations les plus prometteuses. Anyvision et Nvidia ont acté en février dernier leur collaboration à la création d’un réseau de caméras intelligentes qui fournira des informations en temps réel et des données faciales précises pour renforcer la sécurité publique. “Le projet qui arrivera le plus vite à son terme est celui de Mexico mais il y en a beaucoup d’autres aux Etats-Unis et en Europe”, précise le PDG d’Anyvision.

Le respect de la vie privée comme argument de vente.

La reconnaissance visuelle ou le scan permanent des populations inquiètent de nombreux citoyens quant au respect de leur vie privée et à l’utilisation numérique de leur image. “C’est un problème que nous avons pris en compte dès le départ”, assure Eylon Etshtein. “Nous n’avons pas besoin de filmer et garder en stock les visages. Une fois que notre système est installé, il pixelise automatiquement tous les profils, même l’opérateur du centre de contrôle ne peut pas voir votre visage car les modèles mathématiques ne représentent que les personnes d’intérêt. Notre solution est conforme aux normes européennes, au GDPR bien sûr, c’est même un excellent argument de vente pour nous.”

Seule ombre à ce joli tableau, le projet de se passer des billets traditionnels pour se rendre dans un stade et confier l’identification des personnes aux caméras intelligentes d’Anyvision. C’est en tout cas ce qui va se passer cet été dans un grand stade londonien, une information non démentie par la start-up : “Les gens veulent que tout soit super-simple, ils veulent entrer sans s’arrêter, sans attendre de scanner un code-barres ou que le lecteur de cartes fonctionne », justifie  Eylon Etshtein au journal britannique Evening standard. A l’inverse, le directeur de l’association Big Brother Watch, Silkie Carlo s’alarme dans un article du Guardian que « des caméras de reconnaissance faciale (…) risquent de transformer les membres du public en cartes d’identité ambulantes”. “La perspective d’une reconnaissance faciale transformant ces caméras de vidéosurveillance en points de contrôle d’identité comme en Chine est tout à fait terrifiante », a-t-il mis en garde.

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