“Dans toutes les villes où j’ai vécu, le grand capital est arrivé et m’a chassé”, raconte Ofri Ilany dans Ha’Aretz. Lorsqu’il a découvert cette ville côtière, l’historien israélien en est tombé amoureux.

Il s’y est installé, comme d’autres ont un jour posé leurs valises à Barcelone, Berlin ou San Francisco, toutes ces villes où la jeunesse un peu bohème pouvait habiter “un appartement vieux et humide dans un quartier bruyant et enfumé”, tout en exaltant son “atmosphère frénétique”.

Contraint à déménager après le rachat de son logement et la hausse soudaine du loyer, le quadragénaire a brutalement ouvert les yeux sur la vaste opération de gentrification à l’œuvre à Tel-Aviv. En s’implantant dans un quartier populaire, il regrette aujourd’hui d’avoir servi de “sonde” pour les promoteurs. Alors qu’il considérait l’investissement et le développement comme des signes de progrès, l’expérience lui a prouvé que, en matière d’aménagement urbain, “l’équation est exactement l’inverse” :

Le développement fait grimper les prix. L’argent étouffe la vie et transforme le quartier en une terre fantôme et lisse. Lorsqu’il est entre des mains étrangères, l’argent est toxique. Il assèche le tissu urbain au point de le rendre aride – comme un excès de sel extrait le liquide des cellules du vivant.”

Depuis une dizaine d’années, Tel-Aviv est devenue l’une des capitales mondiales de la vie nocturne et culturelle. La popularité de la chanson qui porte son nom d’Omer Adam en témoigne. Comme le chanteur, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à chanter “ya habibi Tel Aviv”, témoignant de leur amour pour la ville blanche à coups de millions de dollars.

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Photo AFP. Thomas Coex.

 

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