Ivry Gitlis est un violoniste israélien, né le à Haïfa et mort le à Paris. Il était ambassadeur honoraire de l’Unesco (1990).

Le Monde : « Longtemps Ivry Gitlis aura été considéré comme l’une des réincarnations possibles de Paganini. Il en possédait le charisme intense, le jeu extraverti et la virtuosité diabolique : le grand violoniste israélien, qui professait qu’« une belle fausse note d’un grand musicien vaut mille notes justes de n’importe qui », est mort le 24 décembre à Paris, à l’âge de 98 ans. Il est certes facile de trouver parmi ses illustres confrères sonorité plus lumineuse, archet plus souple, interprétation plus sereinement accomplie : là n’était pas son affaire ; et son jeu, passionné et fougueux, d’une vitalité vagabonde, ouvrait sur des paysages aux teintes âpres, parfois torturées.

Intrépide, le flamboyant Ivry Gitlis sut l’être lorsqu’il s’agit en 1972 de créer Mikka, l’œuvre pour violon solo de Iannis Xenakis, au Musée d’art moderne, à Paris. Cet exploit lui valut la reconnaissance du public ainsi que de la presse, tout comme son enregistrement du Concerto à la mémoire d’un ange, d’Alban Berg, œuvre rarement jouée à l’époque, lui avait valu un Grand Prix du disque remarqué en 1953.

Nous avions rencontré le violoniste en 2004 dans l’appartement-capharnaüm qu’il habitait, rue du Four, dans le 6e arrondissement de Paris, alors que l’Auditorium du Louvre lui rendait un hommage appuyé au sein du cycle « Classique en images ». Une caverne d’Ali Baba, une caravane, tant y abondait l’hétéroclite rencontré à tous les airs : livres, disques, vêtements, objets usuels ou décoratifs, avec des galets échoués au milieu. « J’aime les pierres, avait-il commenté. Je les ramasse là où je vais. Elles viennent de partout. » Ivry Gitlis ou le paradoxe d’un nomade bâtisseur.

Fils unique, il est né le 25 août 1922 à Haïfa, en terre d’espoir, d’un père et d’une mère ayant quitté la Russie (Kamenets-Podolski, aujourd’hui en Ukraine) pour rejoindre une terre qui deviendrait l’Etat d’Israël. Petit messie apparu dans le rêve du ventre maternel ».

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