L’opposant iranien Rouhollah Zam, un temps exilé en France, a été exécuté samedi 12 décembre au matin, après la confirmation de sa condamnation à mort pour son rôle dans la vague de contestation de l’hiver 2017-2018, selon la télévision d’Etat iranienne.

Le « contre-révolutionnaire » Rouhollah Zam a été pendu dans la matinée quelques jours après l’annonce de la confirmation de sa peine par la Cour suprême, en raison de la « sévérité des crimes » commis contre le République islamique d’Iran.

Enlevé dans des circonstances obscures

Rouhollah Zam avait vécu en exil plusieurs années en France, à Montauban, avec sa femme et ses enfants. Il bénéficiait du statut de réfugié sous protection asilaire et était protégé par les services de sécurité français.

Récit : Enlèvement d’un opposant iranien protégé par la France

Mais en octobre 2019, alors qu’il se rendait en Irak, il avait été arrêté par les gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, dans des circonstances obscures. L’Iran n’a pas précisé le lieu ni la date des faits, accusant l’opposant quadragénaire d’être « dirigé par le renseignement français et soutenu » par les services secrets des Etats-Unis et d’Israël.

Rouhollah Zam a dirigé une chaîne (Amadnews) sur la plate-forme de messagerie cryptée Telegram et a été reconnu coupable d’avoir joué un rôle actif, par l’intermédiaire de ce média, dans la contestation de l’hiver 2017-2018. Le tribunal révolutionnaire de Téhéran avait prononcé la peine de mort en première instance au mois de juin.

Au moins vingt-cinq personnes ont été tuées dans les troubles qui ont touché plusieurs dizaines de villes iraniennes entre le 28 décembre 2017 et le 3 janvier 2018. Téhéran avait qualifié de « sédition » ce mouvement de protestation contre la vie chère ayant rapidement pris un tour politique.

Reporters sans frontières condamne cette exécution

L’Union européenne (UE) a condamné samedi « dans les termes les plus forts » l’exécution de l’opposant iranien, rappelant son opposition à la peine de mort « quelles que soient les circonstances ». Elle juge aussi « impératif que les autorités iraniennes respectent les droits des accusés et cessent d’avoir recours à des aveux télévisés pour établir et démontrer leur culpabilité », souligne le communiqué d’une porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

Le ministère des affaires étrangères français a qualifié cette exécution d’« acte barbare et inacceptable ». « La France condamne avec la plus grande fermeté cette atteinte grave à la liberté d’expression et à la liberté de la presse en Iran », selon la porte-parole du ministère, citée dans un communiqué.

Diana Eltahawy, vice-directrice pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International, s’est dite « choquée et horrifiée » par l’exécution. Qualifiant Rouhollah Zam de « journaliste et dissident », Amnesty avait jugé que la confirmation de sa peine marquait « une escalade choquante dans le recours de l’Iran à la peine de mort comme arme de répression ». L’ONG avait aussi demandé à l’UE d’intervenir rapidement auprès du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, « pour qu’il annule ce verdict cruel ».

L’organisation non gouvernementale Reporters sans frontières (RSF) a aussi vivement réagi samedi à l’exécution de Rouhollah Zam. Dans un Tweet, RSF, qui suivait particulièrement le cas de cet opposant, a déclaré être « choquée que la justice iranienne et le commanditaire de cet acte, Ali Khamenei, aient mis à exécution leur sentence ».

En septembre, l’exécution d’un jeune lutteur iranien, Navid Afkari, pour le meurtre d’un fonctionnaire lors de manifestations antigouvernementales en 2018, avait suscité un tollé à l’étranger et sur les réseaux sociaux.

De nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer ce qu’elles avaient qualifié d’empressement des autorités à exécuter un verdict, prononcé, selon les soutiens d’Afkari, sur la base d’aveux extorqués sous la torture.

Avec au moins 251 exécutions en 2019, l’Iran est, après la Chine, le pays qui a le plus recours à la peine capitale, selon le dernier rapport mondial sur la peine de mort d’Amnesty International.

Source : lemonde.fr

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