France Inter : « Sa femme est une journaliste de la télévision publique respectée pour son indépendance. Sa fille vit avec un acteur arabe et ne veut pas être mêlée aux projets de son père. Lui même a déposé une loi pour emprisonner les employeurs qui licencient des femmes enceintes et une autre pour interdire les tests cosmétiques sur les animaux…

Mais qu’on ne s’y trompe pas, Gideon Saar n’a rien d’un modéré au sein du Likoud, le parti de droite au pouvoir en Israël. Il est réputé plus libéral que Netanyahou sur les questions de société et moins attaché à l’alliance avec les religieux mais il représente l’aile dure du mouvement sur la question palestinienne.

Il est contre la solution à deux États et accuse le Premier ministre Benyamin Netanyahou d’avoir été trop mou : d’une part en négociant avec le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat dans les années 1990 et, d’autre part, en n’annexant pas la Cisjordanie ».

REVUE DE PRESSE. Gideon Saar, a claqué la porte en abandonnant son siège de député. Critiquant une formation devenue « un culte de la personnalité », M. Saar promet de défaire son ancien mentor lors du prochain scrutin : « Je ne peux plus soutenir un gouvernement dirigé par Nétanyahou (…) Israël a besoin d’unité et de stabilité, et Nétanyahou ne peut lui apporter ni l’une ni l’autre. »

Cette défection est loin d’être la première. En onze ans de règne continu depuis 2009, M. Nétanyahou a systématiquement éliminé ses successeurs potentiels au sein du parti. Mais elle intervient à un moment où la droite est ébranlée et s’interroge sur l’avenir de son chef. Les « alliés naturels » de M. Nétanyahou à l’extrême droite, qu’il s’est historiquement employé à phagocyter, le menacent.

Depuis septembre, M. Nétanyahou est talonné dans les sondages par Naftali Bennett, le chef de file de la formation ultranationaliste et religieuse Yamina, qu’il a tenu à la porte de sa coalition de gouvernement. De son côté, Avigor Lieberman, patron d’un petit parti russophone, a déjà privé le premier ministre d’une majorité de droite aux scrutins de l’été 2019 et de mars 2020. Il a juré sa perte.

Ces divisions isolent M. Nétanyahou. Elles menacent de le priver de toute alternative à l’accord de coalition qu’il a conclu en mai, et qui lui impose en théorie de quitter le fauteuil de premier ministre en novembre 2021, au profit de son partenaire, le général Benny Gantz (centre droit). Ce gouvernement n’est vieux que de six mois, mais il fait déjà l’objet d’une motion de censure à la Knesset. Dysfonctionnel jusqu’à la paralysie, il pourrait éclater dans les semaines à venir, s’il échoue à voter un budget pour 2021.

Pur produit du Likoud

M. Nétanyahou réfléchira à deux fois avant de consommer cette rupture. Il peut se satisfaire d’avoir usé l’alternative incarnée un temps par M. Gantz pour la gauche et le centre. Mais ce vide aiguise les appétits à sa droite. M. Nétanyahou aurait le plus grand mal à réunir son camp lors de nouvelles élections, qui pourraient avoir lieu dès mars ou à l’été. Un tel échec le priverait de la possibilité de faire voter, à la Knesset, une loi d’immunité qui gèlerait son procès pour corruption, dont les auditions doivent commencer en février.

Source : Le Monde (Copyrights).
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