EDITORIAL. La signature à venir d’un Traité entre Israël et Abou Dhabi va très certainement modifier la place de l’Etat Hébreu comme vendeur d’armes à Abou Dhabi, au détriment de la France. Pour ceux qui l’ignorent, les Émirats arabes unis restent un des principaux clients de l’industrie de défense française qui va devoir faire face à de nouveaux concurrents. A noter : Israël vend déjà en secret (sources publiques au dehors d’Israël) des armes très sophistiquées en petite quantité à Abou Dhabi). Et les vendeurs d’armes israéliens (ELBIT, IAI, RAFAEL) sont redoutables… (DR)

A SAVOIR. La France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde après les États-Unis et la Russie. Selon le rapport au Parlement 2018 sur les exportations d’armement de la France, les ventes d’armes de la France vers le reste du monde contribuent à la « consolidation de l’industrie française de défense et au développement économique de la France, mais également au renforcement de la sécurité nationale ».

FRANCE ET LES EMIRATS. Selon lorientlejour.com : « Située à 225 kilomètres de l’Iran, à proximité du détroit d’Ormuz où transite une part importante du commerce mondial du pétrole, une base militaire française implantée depuis des années bénéficie d’une position stratégique qui lui permettrait d’intervenir en cas de blocage du détroit par les Iraniens.

Le géopolitologue Jean-Pierre Maulny, expert à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), estime que « cette implantation militaire française dans un pays du Golfe confirmait la stratégie de prépositionnement française de ses forces militaires ».

« C’est une vitrine pour les matériels français aux Émirats, mais aussi dans le monde entier, ajoutait Jean-Vincent Brisset, général de brigade aérienne et directeur de recherche à l’IRIS. En étant présente dans l’océan Indien, la marine française s’expose à toutes les autres forces navales présentes dans ce secteur. »

Bien que peu probable, l’accord prévoit que « la France s’engage à utiliser tous les moyens militaires dont elle dispose pour défendre les Émirats arabes unis s’ils viennent à être agressés ». Comprendre, en cas d’agression iranienne. En théorie donc, cette coopération militaire est gage de sécurité pour les EAU, car elle lie leur destin à celui de la France dans le cas d’une offensive iranienne, autant qu’elle permet de limiter leur dépendance vis-à-vis des Américains, également présents militairement dans le pays.

Pour la France, « c’est un point d’appui stratégique pour les opérations dans la région : en Libye (appui aérien), l’opération Chammal (en Irak et en Syrie), au Yémen et pour la projection de force vers la zone du golfe Arabo-Persique et le nord de l’océan Indien. Cette coopération militaire fait des Émirats arabes unis un allié arabe important au sein de la coalition contre Daech », affirme à L’Orient-Le Jour le chargé de presse du chef d’état-major des armées.

De plus, « cela permet d’entretenir des relations de partenariat équilibrées avec des pays en plein essor économique ». Le choix des Émirats arabes unis comme lieu d’implantation de ses troupes par la France était également financier, car réalisé dans un contexte de crise économique induisant des coupes budgétaires importantes. En effet, le coût financier d’une telle présence militaire interarmées s’élève à un peu plus de 75 millions d’euros par an, dont 20 millions d’euros de coût de fonctionnement, financés par les autorités émiraties.

À cela, il faut ajouter les liens économiques importants entre les deux pays. Dans un rapport en date du 7 décembre 2016, Nathalie Goulet, vice-présidente de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, rappelait que « les Émirats arabes unis sont le deuxième partenaire de la France dans le Golfe, après l’Arabie saoudite, (…). Six cents sociétés françaises y sont implantées, dont plus de 75 % des entreprises du CAC 40 ».

Il n’en demeure pas moins que les exportations françaises baissent aux Émirats. Dans le domaine de l’armement, la fédération ne représente désormais plus que 31,7 % des ventes françaises d’armement dans la région. Toutefois, « les Émirats arabes unis restent un des principaux clients de l’industrie de défense française », rappelle la cellule relation presse de l’état-major des armées ».

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