Des dizaines de pièces de tissus teints ont été récemment mis à jour sur le chantier de fouilles archéologiques menées par l’Université Tel-Aviv sur le site des anciennes mines de cuivre de Timna, au nord d’Elat. Selon les chercheurs, le Dr. Erez Ben-Yossef de l’Université de Tel-Aviv et le Dr. Naama Sukenik de l’Autorité des Antiquités d’Israël, les étoffes, faites de laine, et datées du 12e au 10e siècle avant JC, période des règnes de David et Salomon, sont les plus anciens tissus colorés découverts au Proche-Orient, et jettent une lumière sur la civilisation et l’industrie du textile en Israël au temps de la Bible.

La recherche, publiée dans la revue PLoS ONE, a été menée en collaboration avec les équipes de recherche des Universités de Tel-Aviv et Bar-Ilan et de l’Autorité israélienne des antiquités.
Les fouilles menées depuis cinq ans dans la Vallée de Timna ont donné lieu à de nombreuses découvertes archéologiques importantes. Mais elles ont de plus permis de mettre à jour, non seulement d’abondants vestiges témoignant des méthodes de production du cuivre dans les mines, mais aussi des dizaines d’artefacts organiques parfaitement préservés en raison de la sécheresse extrême qui règne dans la région, révélant le mode de vie des humains sur le site.
« En recherchant dans la poussière des déchets de l’industrie du cuivre, nous avons découverts des résidus organiques conservés comme s’ils avaient été jetés hier » s’enthousiasme le Dr. Ben Yossef. Entre autres, les petites pièces de tissu coloré, datées du 10e siècle av JC, dont la plus grande est de quelques centimètres carrés, et qui ont été transférées au laboratoire archéologique de  l’Université Bar Ilan.
Les chercheurs ont pu distinguer deux couleurs utilisées pour teindre les tissus rayés: du rouge et du bleu. La teinte rouge était obtenue à partir des racines d’une plante nommée garance, et le bleu venait  d’un végétal  connu sous l’appellation de pastel des teinturiers. « Il s’agit des plus anciens vestiges découverts en Israël et au Levant portant des traces de couleur provenant de plantes », signale le Dr. Sukenik. Pour elle, il est probable que celles-ci aient été cultivées spécifiquement pour la teinture des tissus, ce qui indique le développement d’une industrie textile dans la région. Selon les chercheurs, les tissus ont probablement été importés à l’origine d’un site plus au nord, puisque dans une région désertique on ne peut pas cultiver de plantes ni élever les brebis nécessaires pour produire de la laine.
Le high-tech de l’âge de fer
Pour le Prof. Ben-Yosef la découverte de ces tissus teints vient conforter l’hypothèse selon laquelle les anciens fondeurs de cuivre n’étaient pas des esclaves, comme on le pensait jusqu’à présent, mais des personnes très importantes de la population, vêtues d’une manière spécifique, peut-être même des sortes de prêtres. « Jusqu’à présent on pensait que les mines avaient été en usage à la période égyptienne, au 13e siècle avant JC, et exploitées par des esclaves; mais les découvertes récentes montrent qu’elles ont connu leur pleine période de production au 10e siècle avant JC., à l’époque des royaumes  de David et Salomon à Jérusalem. Nous rendons donc les mines du roi Salomon au roi Salomon », explique-t-il.
Entre autres ont été découverts des restes de nourriture amenée de loin, y compris des arêtes de poissons de la Méditerranée. La découverte des tissus teints vient renforcer les conclusions précédentes et suggèrent que les travailleurs du cuivre comprenait également une classe socialement élevée de personnes qui pouvaient se permettre d’acheter des vêtements soigneusement teints, bien plus onéreux que les habits non colorés.  » Il se trouve que les travailleurs des métaux avaient une capacité économique élevée, et constituaient en fait la classe high-tech de l’âge de fer », concluent les chercheurs.
Source : Site des Amis français de l’Université de Tel-Aviv
Sivan Cohen-Wiesenfeld, PhD
                Rédactrice en chef du site des Amis français et des Amis francophones de l’Université de Tel-Aviv

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