Les circonstances de la mort tragique du sergent-chef Bar-El Shemoueli continuent à faire polémique entre les camarades du garde-frontières et la hiérarchie de Tsahal. Les premiers n’hésitent pas à critiquer ouvertement les consignes d’ouverture du feu face aux terroristes trop sévères selon eux. A l’opposé, le chef d’état-major de Tsahal Aviv Kochavi ne cesse d’affirmer que rien n’a changé dans ces consignes et que les officiers de terrain ne « menottent » pas les soldats qui se trouvent au front.
L’un des camarades de Bar-El affirme que l’état d’esprit général qui règne à Tsahal face à Gaza est de « laisser passer » l’incident et « d’être moral envers le camp d’an face ». Il a confié avoir assisté à des miracles lors desquels des camarades auraient pu tomber car il y avait interdiction de tirer avant d’en avoir reçu l’ordre explicites des commandants de bataillon ou de brigade. Ce genre d’exemples est confirmé par d’autres camarades de Bar-El.
Ces soldats et gardes-frontières constatent tous l’évolution observée dans la chaîne de commandement de Tsahal où il était plus facile de tirer sur des terroristes en cas de danger pour les soldats. Ils estiment aussi que ce resserrement des consignes est dû à la peur de poursuites judiciaires ou de condamnations internationales, sur le compte des soldats eux-mêmes.
« Nous voulons paraître moraux face aux ennemis mais nous ne le sommes pas du tout envers nous-mêmes », déclare un combattant. Un autre combattant résume : « En fin de compte, il faut comprendre que nous ne pouvons pas tomber comme des canards dans un stand de tir et que tout le monde se taise. Il s’agit d’une nouvelle famille qui a perdu un fils, et au lieur que celui-ci enterre ses parents, c’est eux qui l’enterrent. C’est la chose la plus dure au monde ».
« Notre but n’est pas de porter atteinte à Tsahal mais éviter le prochain mort qui nous attend au coin de la rue. Aujourd’hui c’est à Gaza, demain cela pourrait être à Sichem. Les consignes ne font que se resserrer », rajoute un autre camarade de Bar-El hy ».
Jeudi dernier, lors d’une cérémonie à Tel-Aviv, le chef d’état-major Aviv Kochavi avait pourtant repoussé toutes les critiques et réaffirmé que les officiers et soldats disposaient de tous les outils pour se défendre et que tout soldat faisant face à un danger immédiat avait non seulement le droit mais le devoir de faire feu. Il avait qualifié les témoignages de soldats de « pur mensonge ». Le chef de Tsahal avait également exprimé son soutien total aux officiers de terrain, mis à mal après la mort tragique de Bar-El Shemoueli. Aviv Kochavi s’est également rendu au domicile de la famille Shemoueli pour une visite de condoléances.
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