EDITORIAL. FRANCE-ISRAËL. Du jamais vu. Une pleine page pour Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement National (RN) dans le journal Haaretz. Tout y passe (sauf son amour pour les chats… ). L’article est très clairement « soft ». Les journalistes semblent comblés par les affirmations de Marine Le Pen. On ne l’accuse pas d’être antisémite. Bien le contraire. Son père reste le « grand méchant loup ».
Les journalistes du Haaretz auraient du lire avant l’interview de Marine Le Pen ce que dit le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, sur la leader politique. « Mon logiciel face à Mme Le Pen, c’est la vérité face aux mensonges. Les partis politiques traditionnels ont démissionné, la droite court derrière le RN et la gauche fait comme s’il n’était pas un problème. Certains médias ont banalisé ces discours populistes. Je ne m’y résous pas. J’ai passé trente-six ans, comme avocat, à m’adresser à des jurés pour les convaincre, les yeux dans les yeux. Je continuerai, de la même façon, pour démontrer point par point que le projet du RN est une imposture ».
Les bons sondages de Marine Le Pen pour la prochaine présidentielle sont étalés au grand jour dans le Haaretz. Ceux-ci donnent un faible écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, dans le cadre d’un potentiel duel au second tour de l’élection présidentielle.
Le Haaretz, qui est lu par toute la classe politique israélienne, mais dont personne se vante de le recevoir tous les jours à 5 heures du matin, semble préparer les leaders de l’Etat Hébreu, tous sans exception, très pro-Macron (son bref passage en Israël, à Jérusalem, au Kotel, en 2020 a marqué les esprits), à la victoire potentielle de Marine Le Pen.
Un long développement dans l’article (publié ce jour en Anglais) parle de sa relation très conflictuelle avec le CRIF et de l’insécurité des juifs de France. Marine Le Pen se déclare contre le départ des juifs de France en Israël.
L’article du Haaretz est plus où moins aligné sur celui de BFMTV : « Un indice qui inquiète l’Élysée, c’est la nouvelle posture de Marine Le Pen qui cherche à se banaliser, à s’assagir: elle ne veut plus quitter l’Europe, elle veut rembourser la dette, elle est beaucoup plus soft sur l’islam ou la sécurité qu’elle ne l’était par le passé », décrypte Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique à BFMTV. « Et puis il y a eu le débat entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen où on a eu l’impression qu’ils étaient en accord sur certains éléments. Tout cela inquiète le pouvoir. »
Le journal Haaretz a également interrogé Marine Le Pen sur le sort qu’elle va réserver aux israéliens qui ont la double nationalité (France-Israël). Devront t-ils abandonner un des deux passeports? Sa réponse n’est pas bien claire. Ni oui, ni non… « On verra bien », semble dire Le Pen. Elle avait affirmé que si elle accédait à l’Élysée en 2022, ses premières décisions concerneraient une révision de la politique des visas et une réforme du code de la nationalité.
Le Pen sur BFM : « Ma première décision sera de maîtriser l’immigration par la reprise en main de nos frontières, de notre politique de visas », avait déclaré la présidente du Rassemblement national. Je changerai le code de la nationalité pour que la nationalité française s’hérite ou se mérite. (Pour) qu’on ne se retrouve pas à donner de manière quasi automatique à Amedy Coulibaly (auteur de l’attentat de l’Hyper Cacher en janvier 2015 – né le 27 février 1982 à Juvisy-sur-Orge, N.D.L.R.) la nationalité française alors qu’à 18 ans il avait un casier judiciaire long comme le bras ».
Bon à savoir. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui sera le prochain invité de la Chambre de Commerce France-Israël à Paris, a récemment recensé les « mensonges » de Marine Le Pen, affirmant que « sa prétendue ‘dédiabolisation’ n’est que cosmétique ». Il se tient prêt, en outre, à jouer un rôle dans la campagne d’Emmanuel Macron en 2022.
Dupont-Moretti : « Le RN a une histoire, que je n’oublie pas. Il s’inscrit dans la lignée de Maurras, de Vichy. Il reste entouré par ce qu’on appelle la fachosphère, soutient les Identitaires, qui ne sont rien d’autre que des séparatistes. Mme Le Pen danse en Autriche avec ce qu’il y a de pire dans l’extrême droite européenne, s’allie avec les nationalistes les plus durs. Je veux dénoncer cela car nos ADN sont symétriquement opposés. Mais j’ai conscience que ce seul discours n’est plus possible. Pour battre le RN, il faut le combattre ». (DR)
LE PLUS. DANS LE JDD. « La présidente du Rassemblement national et opposante d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017, Marine Le Pen, se livre dans un entretien à L’Incorrect, mensuel réputé proche de sa nièce Marion Maréchal.
Elle y fait part de son intention de quitter la présidence du parti, fondé par son père Jean-Marie sous le nom de « Front national » puis renommé sous sa direction en 2018. Selon l’AFP, Marine Le Pen avait déjà évoqué en février la possibilité d’un départ, pour être la « candidate de tous les Français ».
D’abord obtenir l’investiture pour se légitimer. La nécessité de brasser large semble guider sa décision. Pour accéder à l’Elysée, son objectif affiché, elle estime dans les pages de L’Incorrect devoir être la candidate de « tous ceux qui veulent mener le combat national ».
Pour cela, sa stratégie est déjà rodée : Marine Le Pen compte bien se présenter à la tête du parti lors du prochain congrès du parti, prévu à Perpignan, au début du mois de juillet. « C’est un congrès qui va légitimer le candidat à l’élection présidentielle, et il me faut donc d’abord être réélue », explique-t-elle.
Avant de s’en éloigner donc. Elle imagine en effet par la suite prendre ses distances et quitter la présidence pour ne pas être « seulement la candidate du RN ». Selon le numéro deux du parti, Jordan Bardella, pressenti pour lui succéder, son départ aura lieu « probablement après l’été ».