Donald Trump est si pressé d’imposer sa candidate à la Cour suprême pour succéder à Ruth Bader Ginsburg, que le nom avait déjà filtré dans la plupart des médias américains avant l’annonce officielle de ce samedi. Il s’agit d’Amy Coney Barrett, 48 ans.
Dans les jardins de la Maison-Blanche, accompagnée de son mari et de leurs sept enfants, dont deux sont adoptés et un trisomique, elle a rendu hommage à l’iconique RBG, et souligné qu’à ses yeux les juges doivent appliquer la loi «telle qu’écrite». «J’aime les Etats-Unis et j’aime la Constitution des Etats-Unis», a-t-elle encore déclaré.
Elle partage la même vision «originaliste» du droit que son mentor Antonin Scalia, un ancien juge conservateur à la Cour suprême décédé en 2016, pour lequel elle avait travaillé.
Pour elle, la Constitution doit être interprétée telle que pensée et rédigée, et non en se basant sur les jurisprudences.
Le Sénat va désormais devoir entériner la nomination. Son leader républicain, Mitch McConnell, semble bien décidé à adopter le tempo rapide du président, pour y parvenir avant l’élection présidentielle du 3 novembre.
LE PLUS EUROPE1.
Elle vient renforcer la majorité conservatrice au sein de l’institution clé qui tranche tous les grands débats de la société américaine. À 48 ans, Amy Coney Barrett, ultra conservatrice et fervente catholique a été nommée samedi par le président des Etats-Unis Donald Trump pour siéger à la Cour suprême. La juge est opposée à l’avortement et favorable au port d’arme, mais si elle est confirmée par le Sénat pour rejoindre la plus haute institution judiciaire du pays, en succédant à la progressiste Ruth Bader Ginsburg décédée le 18 septembre, elle assure qu’elle aura l’intérêt de tous les Américains en tête.
Sa confirmation fait peu de doute puisque le Sénat est dominé par les républicains
« Si je suis confirmée, je n’assumerai pas seulement ce rôle pour la cause des miens et encore moins dans mon propre intérêt. j’endosserai ce rôle pour vous servir tous », a-t-elle dit quelques minutes après sa nomination. « J’aime les Etats-Unis et j’aime la Constitution des Etats-Unis. » Sa confirmation fait peu de doute puisque le Sénat est dominé par les républicains. Le vote des sénateurs devrait avoir lieu une semaine avant l’élection présidentielle. Donald Trump veut aller vite et espère galvaniser sa base électorale avec cette nomination.
Son profil, aux antipodes de la très féministe « RBG », divise les Américains. Il y a quelques années, Amy Coney Barrett, mère de sept enfants, avait assuré faire la distinction entre sa foi et « ses responsabilités de juge ». Mais ses détracteurs ne sont pas convaincus. À la cour d’appel fédérale de Chicago, elle a notamment pris des positions favorables aux armes à feu et défavorables aux migrants, aux femmes désirant avorter et à la loi sur l’assurance santé Obamacare que les républicains veulent démanteler.
Une conservatrice opposée à l’avortement, favorable au port d’arme et très religieuse
Après une enfance à la Nouvelle-Orléans, dans le sud conservateur des Etats-Unis, elle a suivi des études brillantes à la faculté de droit Notre Dame, une institution confessionnelle réputée de l’Indiana, où elle a ensuite été professeure pendant 15 ans. En début de carrière, elle a travaillé pour le juge conservateur de la Cour suprême Antonin Scalia, dont elle a épousé la vision « originaliste » du droit, qui impose de lire la Constitution comme elle a été pensée lors de son écriture.
Un de ses discours, prononcé devant des étudiants, lui est fréquemment reproché. Se présentant comme une « juriste d’un style différent », elle avait estimé qu’une « carrière juridique » était « un moyen au service d’une cause » et que cette dernière était « de construire le Royaume de Dieu ».
Les démocrates sont donc furieux. Si elle entrait à la Cour suprême, « la juge Barrett, qui s’est même opposée à l’accès à la contraception, serait un fléau pour les droits des femmes à la santé reproductive », estime Daniel Goldberg, le directeur de l’Alliance for Justice, un lobby légal progressiste. Samedi soir, le candidat démocrate Joe Biden a de nouveau appelé le Sénat à ne pas confirmer de nominations tant que les Américains n’auront pas choisi leur prochain président en novembre.