Sur la pointe des pieds, une grande dame s’en est allée : Ida Akerman z.l. (par Shraga Blum).

Il y a des personnes que l’on croit éternelles. C’est pour cela que la nouvelle de la disparition du Dr. Ida Akerman-Tieder nous à tous bouleversés, malgré le bel âge qu’elle avait atteint. Peut-on résumer en une seule page ce que fut le livre de sa vie ? Assurément non. Mais comment ne pas rendre un hommage si mérité à cette femme qui nous aura tant marqués par sa personnalité exceptionnelle.

Ida Akerman aura été témoin de deux événements majeurs et antinomiques du XXe siècle : la tentative industrielle de destruction du peuple juif et son retour miraculeux sur sa terre après 2000 ans d’exil. Ces deux moments sismiques de l’Histoire marquèrent à jamais sa personnalité et son action. De Berlin à Jérusalem en passant par la Belgique, l’Angleterre et la France, Ida Akerman aura connu un parcours de vie peu commun mais si typique de l’Être juif : sublimer les difficultés pour aller de l’avant.

« Pour ne pas disparaître, les Juifs ont été contraints à la résilience en activant leurs ressources d’intelligence et la perpétuation de leur tradition » explique Boris Cyrulnik. Ida était cette résilience incarnée, elle entrait dans cette définition extraordinaire du Juif que donnait le Prof. André Neher avec une simple expression : « VeAf al pi khen », « en dépit de tout ». Malgré tout ce qu’il endure, le peuple juif ne se laisse pas abattre, il choisit la vie, il se relève, il crée, il rit, il chante, il étudie, il transmet. C’était Ida.

Grâce à son courage, à sa volonté et aussi à de nombreux miracles, Ida Akerman a passé entre les gouttes létales de la machine infernale nazie et s’est donné la mission qu’elle mentionnait en page de garde de son livre « Tu raconteras à tes enfants » : « En souvenir de mes parents, qui en mourant m’ont ordonné de vivre ». Cette mission, elle l’aura pleinement accomplie, en fondant avec son regretté mari Fred une nombreuse et magnifique famille qui vit en Israël, dont elle fut la couronne, en empruntant une carrière professionnelle consacrée au soutien apporté à autrui, en transmettant aux jeunes générations la mémoire de la Shoah mais aussi le privilège et le miracle de pouvoir à nouveau vivre sur notre terre.

Personne ne restait indifférent au contact d’Ida Akerman. Son regard pétillant, son charmant sourire, l’optimisme et l’amour qui se dégageaient de sa personne et de son propos étaient aussi attachants qu’envoûtants. Sa vie, son action et ce qu’elle a semé ici-bas auront été sa plus belle victoire sur ceux qui lui ont volé ses parents.

Adieu, chère Ida !

« …Il faut raconter, raconter

Les malheurs passés, ne serait-ce que pour apprécier

Tous les bienfaits dont Dieu nous a comblés,

Et dont les plus précieux sont la liberté, la dignité… » (Ida Akerman, 1985)

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