L’Egypte a fermé ses aéroports, jeudi dernier et jusqu’à la fin du mois pour faire face à la progression de l’épidémie de Covid-19 en fermant. La mesure était inévitable dans ce pays touristique, où plusieurs dizaines de touristes étrangers ont été contaminés.
Selon les estimations officielles, huit morts et 285 cas de contaminations étaient dénombrés au 21 mars, dans ce pays le plus peuplé du Moyen-Orient, avec 100 millions d’habitants et les premiers cas de contamination ont été signalés, début mars, chez des touristes ayant séjourné dans le pays.
Au total, plus d’une centaine de ressortissants étrangers ayant séjourné dans le pays ont été contaminés, dont des Français, des Grecs, des Américains, des Canadiens et des Japonais. L’espace aérien reste ouvert pour permettre aux touristes encore présents en Egypte de rentrer chez eux.
Le secteur du tourisme, la troisième source de revenus du pays, pourrait enregistrer des pertes mensuelles très importantes, selon le ministre du tourisme Khaled Al-Anani. C’est un nouveau revers pour l’Egypte alors que ce secteur sortait à peine de convalescence, après les années de troubles politiques qui ont suivi la révolution de 2011. Les revenus du tourisme avaient enregistré un bond de 28 % sur l’année fiscale 2018-2019, à 12,6 milliards de livres égyptiennes (750 millions d’euros).
Les autorités égyptiennes ont attendu la mi-mars pour prendre des mesures d’envergure et débloquer 100 milliards de livres.
Le Caire a ordonné la fermeture des écoles et des universités, des cinémas et théâtres, ainsi que l’annulation des événements sportifs. Les cafés, restaurants, centres commerciaux et lieux de divertissement peuvent rester ouverts la journée. Samedi, les autorités sunnites d’Al-Azhar ont annoncé la suspension des prières et l’Eglise copte a fait de même pour les messes. Des mesures de confinement ont été prises dans un village de 300 familles dans la région de Dakahlia, dans le delta du Nil, lundi, après le décès de deux habitants, ainsi que dans le gouvernorat de la Mer Rouge, dans le sud-est de l’Egypte, pour les employés
La semaine dernière, le seul laboratoire de dépistage du Caire avait été pris d’assaut par des centaines d’Egyptiens travaillant dans le Golfe, après l’annonce par l’Arabie saoudite que seuls les travailleurs disposant d’un certificat prouvant qu’ils ont été testés négatifs pourraient entrer sur leur territoire. Le ministère de la santé a annoncé, jeudi, l’ouverture de 13 nouveaux laboratoires de dépistage dans le pays.
Une flambée de l’épidémie dans le pays, qui traverse une crise économique structurelle, pourrait avoir des effets dévastateurs du fait de la densité démographique, du délabrement du système de santé et de la difficulté d’accès aux soins pour nombre d’Egyptiens, dont 32 % vivent sous le seuil de pauvreté.
La situation dans les prisons – où s’entassent plus de 100 000 détenus, dont au moins 60 000 opposants islamistes, laïcs et de gauche, selon des ONG –, est particulièrement alarmante et Human Rights Watch a appelé Le Caire à relâcher les détenus pour éviter un « désastre » épidémiologique.
Source : Le Monde & Israël Valley