Joann Sfar, auteur de bande dessinée, illustrateur, romancier et réalisateur vient de sortir un nouveau livre paru chez Albin Michel et qui propose une histoire déjantée frisant le fantastique qui se déroule dans le Paris d’aujourd’hui sous la gouvernance d’E. Macron.
On y croise , François un vétérinaire doit épouser son cher et tendre, son père, un Juif en plein questionnement, mais aussi Ionas, un vampire centenaire déjà rencontré dans L’Eternel (Albin Michel, 2013), Rebecka, sa copine psychanalyste, Kaitlyn, une rabbine « inclusive » qui se penche sur des mariages hassidiques lesbiens litigieux, mais aussi Sara Lanterne, une jolie danseuse de flammes, ou encore Donnémoidufric, un humoriste devenu propagandiste antisémite.
Les aventures de cette famille juive sont aussi l’occasion pour l’auteur de traiter de sujets d’actualité sous couvert d’humour et de dérision. Il critique violemment les politiques menées en France ces dernières décennies et dénonce la perte de confiance de l’électorat en la politique. Il revient aussi sur la résurgence de l’antisémitisme et de toutes les formes de racisme, ainsi que sur l’homophobie. Certes, il le fait avec beaucoup de verve et de gouaille, ses propos sont durs mais s’il n’est moralisateur, son livre en appelle à la conscience de tous.
Dans une interview au Monde intitulé « L’antisémitisme est un vecteur de haine consensuel », J. Sfar dit qu’il a écrit ce livre sous le coup de la colère car l’Europe se vautre à nouveau dans la haine antisémite et qu’il a le sentiment qu’elle n’en a pas le droit. Jusqu’à aujourd’hui, il a toujours essayé de répondre par l’apaisement, par la tendresse mais, au fil des années, à l’occasion de rencontres publiques ou d’interventions dans les écoles, il a vu les digues sauter les unes après les autres et des alliés politiques, littéraires et intellectuels abdiquer… Son sentiment, aujourd’hui, c’est que snos contemporains nous disent : « Désolé, on a fait ce qu’on a pu. »
Il rappelle que les juifs, ce n’est pas une idée, c’est d’abord des corps. Or, aujourd’hui, quand on parle de l’antisémitisme, c’est toujours un débat abstrait. Mais la question est très concrète, et c’est celle-ci : qu’est-ce qu’on va faire de tous ces juifs qui sont en Europe ?
« Le Dernier Juif d’Europe éditions Albin Michel.
Source : Le Monde & Israël Valley