SELON LE MONDE. « La réaction n’a pas tardé. A peine le PDG de Total avait-il confié au Financial Times son refus d’investir en Israël qu’il déclenchait la colère de Tel-Aviv. « Nous aimons les situations complexes jusqu’à un certain point », a déclaré Patrick Pouyanné, dimanche 10 février, au quotidien financier. L’enjeu gazier n’est pas suffisamment important, à ses yeux, pour courir les risques associés dans une région où le rejet, voire la négation, de l’Etat hébreu est un des fondamentaux géopolitiques. « C’est une position lamentable », a répliqué le ministre israélien de l’énergie, Yuval Steinitz, jugeant « tout à fait inacceptable de boycotter » Israël.
L’objet du contentieux se nomme « Leviathan », un énorme champ gazier découvert en 2010 à 130 kilomètres au large des côtes israéliennes. Il doit entrer en production cette année pour alimenter Israël, mais aussi l’Egypte, aux termes d’un contrat de 15 milliards de dollars (13,2 milliards d’euros) signé en février 2018 et qualifié d’« historique » par Tel-Aviv.
Si le patron de Total se montre prudent, c’est qu’il a pris la tête d’un consortium avec l’italien Eni et le russe Novatek pour explorer un gisement dans les eaux libanaises, quelques centaines de kilomètres au nord. Or, le Liban et Israël ont un lourd contentieux sur leur frontière maritime, où se trouverait aussi du gaz.
Sous haute surveillance
Mais ce n’est pas tout. M. Steinitz a estimé que toute entreprise refusant d’investir en Israël se pliait de fait à la « tyrannie et à la dictature » de l’Iran. C’est un fait que Total a entretenu des relations permanentes avec la République islamique, même au temps des sanctions. Après leur levée en juillet 2015, elle a été la première major occidentale à y revenir, et prévoyait d’investir un milliard de dollars dans le champ gazier de Pars Sud, un des plus gros investissements étrangers. Elle avait dû y renoncer après la décision américaine de rompre l’accord sur le nucléaire iranien, mais le géant français en a gardé une mauvaise image en Israël ».
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