Questions à Sylvain Bureau, normalien agrégé en économie et Docteur de l’Ecole Polytechnique, Prof à ESCP Europe. (www.forbes.fr)
Israël est souvent cité comme un modèle de ‘start-up nation’. La France suit-elle ce chemin ?
S.B. L’exemple israélien montre que même une petite nation peut développer avec succès une activité économique très innovante au niveau mondial. Il y a en Israël des entrepreneurs talentueux, experts dans leur domaine, certes, mais il y a surtout un écosystème d’accompagnement de leurs start-ups qui facilite leur développement et leur permet de trouver les investissements dont ils ont besoin.
Les entrepreneurs en Israël bénéficient de formations de haut niveau et de l’expérience acquise au travers de partenariats avec des grands groupes. Ces différents leviers commencent à porter leurs fruits dans l’écosystème des start-ups françaises. Et, de ce point de vue, la concentration des principales ressources (financières, expertises, réseaux…) en région parisienne est un point positif (même si cela pose évidemment des questions au niveau du développement des territoires).
Justement, dans quelles proportions l’écosystème français a-t-il progressé?
S.B. L’écosystème a connu une forte progression ainsi qu’en témoignent quelques chiffres contenus dans l’étude menée conjointement avec EY. On dénombre à ce jour en France 228 incubateurs et 49 accélérateurs, soit trois fois plus de « tiers lieux » consacrés à l’entrepreneuriat qu’en 2010. Autre chiffre révélateur : une moyenne de 1517 entreprises sont créées chaque jour dans l’hexagone. La France a été en 2016 le pays au monde où les grands groupes ont le plus collaboré avec les startups. Tous les acteurs du CAC 40 ont lancé des programmes allant dans ce sens. Le mouvement David avec Goliath, initié par Raise et dont la Chaire Entrepreneuriat d’ESCP Europe était partenaire l’an dernier, y a d’ailleurs largement contribué.
L’idée de ce mouvement est d’unir la force de frappe des grandes entreprises françaises avec le génie créatif des Jeunes Entreprises de Croissance. L’impact de ces alliances est réel. Pour les grandes entreprises, elles insufflent une nouvelle culture de l’innovation, une plus grande réactivité en soutenant les jeunes sans les écraser. Elles les engagent aussi à repenser leur organisation. Pour les jeunes entreprises, c’est l’accès au déploiement. C’est surtout une chance supplémentaire de survie dans un pays où 50% des jeunes entreprises meurent avant 5 ans d’existence. Au niveau européen, la France n’a pas à rougir non plus : elle est dans le trio de tête en termes de capital innovation, de crowdfunding et de Corporate Venture Capital.
LE PLUS. A l’occasion du 25ème prix de l’entrepreneur de l’année, le cabinet EY et l’ESCP Europe publient les résultats d’une étude analysant l’évolution de l’entrepreneuriat en France sur ces deux dernières décennies. Intitulée « (R)Evolution : 25 ans de transformation de l’écosystème entrepreneurial français », elle conclut que la France est considérée aujourd’hui comme un outsider sérieux sur ce terrain, face notamment aux autres pays de l’OCDE. Dans cette interview, Sylvain Bureau, directeur de la Chaire Entrepreneuriat d’ESCP Europe commente les points clé de cette étude.
Parcours : Sylvain Bureau, normalien agrégé en économie et Docteur de l’Ecole Polytechnique en sciences de gestion, est Directeur de la Chaire Entrepreneuriat d’ESCP Europe. Ses principaux sujets de recherche portent sur la subversion en entrepreneuriat sur lesquels il travaille avec des collègues de l’université de Stanford et de l’Université de Londres. En lien avec ces travaux, Sylvain a créé Improbable, un séminaire pour apprendre à entreprendre par l’art. Il a aussi co-fondé Storymakers, une application pour créer un pitch sur une page web.
Sources et copyrights : https://www.forbes.ff
Extraits sous copyrights d’un article publié dans Forbes France Magazine, version française du plus ancien titre business Nord-américain : Forbes Magazine.