Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa deuxième année, le pays continue de faire face à des attaques incessantes de drones iraniens, envoyés par la Russie. L’Ukraine avait pourtant proposé à Israël de partager son expertise dans la lutte contre ces drones, bien avant que le conflit en Israël ne prenne de l’ampleur. Cependant, cette offre est restée largement ignorée jusqu’au récent conflit en cours.

Il y a environ un an et demi, Yevgen Kornychuk, l’ambassadeur d’Ukraine en Israël, avait apporté des fragments de drones iraniens abattus dans le ciel ukrainien. Ces débris, remis à Tzachi Hanegbi, chef du Conseil de sécurité nationale israélien, étaient destinés à alerter le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de la menace croissante que représentent ces armes iraniennes. À cette époque, Israël, concentré sur d’autres priorités sécuritaires, n’avait pas saisi l’urgence de la situation.

L’ambassadeur Kornychuk a souligné que la collaboration militaire et technologique entre les deux pays aurait pu prendre forme bien avant les récents événements, notamment lors de la guerre des Épées de fer. En février 2023, Kornychuk avait prévenu les autorités israéliennes dans une interview pour News 12 : « Demain, vous pourriez être confrontés à la même menace de drones iraniens ici en Israël. » Malgré ces avertissements, Israël n’a montré que peu d’intérêt pour une coopération renforcée avant le 7 octobre, date qui marque le début du conflit actuel.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son ministre de la Défense avaient formulé une suggestion audacieuse : transformer l’Ukraine en un terrain d’entraînement pour Israël dans la lutte contre les drones iraniens. Ils proposaient d’offrir un libre accès aux informations et aux leçons tirées des combats en Ukraine, où les drones iraniens sont une menace quotidienne.

Dans une interview accordée en octobre 2022 à Ovda, une émission israélienne, Zelensky avait déclaré : « Nous combattons l’Iran tous les jours à travers ses armes. Nous avons partagé nos informations avec Israël et avons sollicité de l’aide à différents niveaux. » Cette collaboration aurait pu permettre à Israël de mieux se préparer aux défis sécuritaires liés à l’utilisation de ces drones iraniens.

L’Ukraine, confrontée aux drones iraniens depuis plusieurs mois, a développé différentes stratégies pour les intercepter. Ces drones, bien que lents, parcourent de longues distances, offrant ainsi aux forces ukrainiennes le temps de les repérer avant qu’ils n’atteignent des zones habitées. Initialement, l’Ukraine les abattait avec des mitrailleuses et des canons anti-aériens obsolètes montés sur des véhicules. Aujourd’hui, les efforts se concentrent sur la détection précoce, avec des unités spécialisées surveillant en permanence le ciel dans les régions frontalières avec la Russie.

L’innovation a également été au cœur de la réponse ukrainienne. Au cours de l’année dernière, l’Ukraine a conçu des drones artisanaux capables de s’attaquer aux drones Shahed, utilisés massivement par la Russie. Selon l’ambassadeur Kornychuk, le taux de succès de ces interceptions a atteint entre 80 et 90 % au cours des six derniers mois.

Comme en Ukraine, Israël ne dispose pas d’une protection absolue contre les drones iraniens. Des victimes civiles et militaires sont à déplorer des deux côtés, malgré les efforts déployés pour contrer ces engins volants destructeurs. La récente attaque contre une base israélienne met en lumière une réalité amère : si Israël avait accepté plus tôt l’aide ukrainienne, il aurait peut-être été mieux préparé à faire face à cette menace.

Cette collaboration manquée entre l’Ukraine et Israël souligne l’importance de tirer des leçons des conflits actuels. En sous-estimant la menace des drones iraniens en Ukraine, Israël a potentiellement perdu une opportunité précieuse de renforcer sa propre sécurité. Aujourd’hui, alors que les deux pays font face à une menace commune, la nécessité d’une coopération renforcée devient de plus en plus évidente.

L’avenir dira si ces avertissements seront finalement pris en compte et si les deux nations pourront un jour unir leurs forces pour contrer une menace qui les affecte de manière si similaire.

Jforum.fr

Partager :