Analyse: Pourquoi Hawara incarne les contradictions du gouvernement israélien.

Maurice Ifergan. i24NEWS

Des voitures et un bâtimen incendiés dans la ville de Hawara près de Naplouse en Cisjordanie
RONALDO SCHEMIDT / AFP Des voitures et un bâtiment incendiés dans la ville de Hawara près de Naplouse en Cisjordanie

En un mois, 13 Israéliens ont trouvé la mort, victimes du terrorisme palestinien. Les deux dernières victimes sont deux jeunes frères tués à bout portant dans la localité palestinienne de Hawara qu’ils traversaient pour aller étudier. En représailles, portés par un désir de vengeance, des émeutiers juifs ont investi dans la soirée le village qu’ils ont tenté de brûler. Bilan, un palestinien tué, plus de 300 blessés et une dizaine de maisons incendiées.

Face à ces drames, le Premier ministre Benyamin Netanyahou s’est contenté d’un appel au calme et a demandé à la population de « ne pas se faire justice soi-même ». “L’armée saura appréhender les terroristes palestiniens ou les conduire au cimetière, selon les circonstances”, a ajouté son ministre de la défense, Yoav Gallant, affirmant lui aussi que les citoyens devaient laisser Tsahal agir.

Quand à l’aile droite du gouvernement, elle a attendu 12 h pour réagir… Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a suivi le mot d’ordre et répéter lui aussi, qu’on ne peut « se faire justice soi-même », tout en insistant sur la nécessité d’écraser les terroristes.

Le chef de l’opposition, Yair Lapid, pointe lui du doigt “les milices du chef du parti sioniste religieux Betsalel Smotrich », qu’il accuse d’avoir entrepris de brûler Hawara. ”Un gouvernement Netanyahu constitue une menace pour la sécurité d’Israël », a-t-il affirmé. La gauche, quant à elle, a carrément dénoncé un “pogrom” perpétré dans une localité palestinienne. Et la cheffe du parti travailliste n’a pas hésité à qualifier de « terroristes » les émeutiers juifs.

Face à ces drames, le Premier ministre Benyamin Netanyahou s’est contenté d’un appel au calme et a demandé à la population de « ne pas se faire justice soi-même »

Tout cela alors que Israéliens et Palestiniens avaient entamé la veille un timide dialogue à Aqaba sous l’égide de la Jordanie, de l’Egypte et des Etats-Unis. Israël aurait, là-bas, e, Jordanie,quelques avant ces événements, accepté du bout des lèvres de geler la construction dans les implantations. En contrepartie, les Palestiniens se seraient dits disposés à entamer un dialogue pour la reprise de la coopération sécuritaire dans les territoires.

Malheureusement les terroristes et les émeutiers de Hawara ont donné leur propre réponse aux efforts déployés par les diplomates. Une réponse qui place Israéliens et Palestiniens dans une situation extrêmement complexe et délicate, à moins de trois semaines du Ramadan. Trois semaines de tous les dangers. Mais comme d’habitude, le gouvernement israélien est incapable de décider. Et comme tous les gouvernements israéliens, il hésite, tergiverse. Et fait le grand écart.

Or la situation dans les territoires reflète exactement cette incapacité à trancher. Ce refus depuis 55 ans d’affronter l’avenir. Rabin, Peres, Barak, Olmert, Netanyahou, Bennett ou Lapid… Aucun de ces Premiers ministres n’a eu le courage de voir la réalité en face. Aucun n’a eu la volonté de trancher entre la création d’un Etat palestinien ou l’annexion des territoires. Les accords d’Oslo sont même l’expression paroxystique et de cette paralysie. L’autonomie palestinienne qui en résulte, mise en place par le gouvernement Rabin en 1993, reste à mi-chemin entre la solution à deux Etats et l’annexion.

Seul Ariel Sharon avait eu le cran d’ordonner, en 2005, le désengagement israélien de la Bande de Gaza. Depuis, Israël hésite, et dans les territoires les secousses sont fréquentes et les poussées terroristes violentes. C’est le prix de cette indécision qu’Israéliens et Palestiniens payent aujourd’hui.

Maurice Ifergan

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