Benjamin Netanyahou a certainement vécu des heures difficiles ce 27 mars 2023. Après avoir résisté à la rue, fort de ses mandats, de sa légitimité et de sa majorité, pour obtenir une réforme de la justice réclamée par son camp, après avoir, lors d’une première intervention publique sur la question le 24 mars, réaffirmé sa détermination, il a finalement cédé aux pressions. C’est en tout cas l’image qui restera. Un Premier ministre qui a perdu de sa vigueur et de son assurance, tiraillé, depuis sa large réélection, entre son aile droite, son aile gauche, et la communauté internationale, les États-Unis en tête.

Pour comprendre ce qu’il s’est passé, il faut évacuer l’image d’un Benjamin Netanyahou de droite dure. Le Premier ministre est un pragmatique, qui sait parfaitement à quel point Israël a besoin du soutien des États-Unis mais aussi de ses nouveaux amis : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc, et peut-être bientôt l’Arabie Saoudite. Tous ou presque, balayant du pied une vieille tradition de non-ingérence, se sont permis d’émettre des doutes sur la réforme de la justice qui a embrasé le pays pendant trois mois. S’il n’en avait tenu qu’à Benjamin Netanyahou, le texte aurait été gelé bien plus tôt.

Mais… Le Premier ministre a gagné les élections en pariant sur sa droite. Ainsi est fait le système israélien qu’il impose les fraternités les plus contre-productives, parfois, pour obtenir les fameux 61 mandats indispensables pour gouverner. Itamar Ben Gvir mène la danse depuis novembre et il n’aura échappé à personne que Benjamin Netanyahou le laisse faire, contrairement à ce qu’il avait promis à son grand frère américain. Un désistement de l’homme d’extrême droite, et c’est toute la coalition qui s’effondre. Si Benjamin Netanyahou veut réussir son pari historique de faire la paix avec l’Arabie Saoudite, il se doit de rester au pouvoir.

Ce 27 mars 2022, alors que la situation en Israël devenait explosive, il a finalement lâché prise. Son allocution, prévue d’abord dans la nuit, puis repoussée maintes fois jusqu’à 20h le lendemain, n’a sans doute pas été préparée dans la sérénité. La crise de ces trois premiers mois de gouvernance et son dénouement pourrait s’avérer symbolique pour le pays. Israël ne peut pas devenir un État comme un autre, où les valeurs universelles disparaissent au profit des hommes. Sans quoi il se perdra.

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