Shai Yakir. I24NEWS. Le 4 janvier 2023, lorsque le ministre israélien de la Justice, Yariv Levin, a annoncé les principes de la réforme judiciaire que le gouvernement allait imposer, lui et le Premier ministre Benjamin Netanyahou ne se doutaient pas qu’ils allaient fournir une manne providentielle au bloc d’opposition – qui marchait dans le désert depuis plus de 20 ans.

Dans les années 1980 et 1990, la politique israélienne était idéologiquement divisée en deux camps : la gauche, favorable à des négociations avec la partie palestinienne sur le retour, plus ou moins, aux frontières d’avant 1967 ; et la droite, qui s’opposait à de telles négociations. Mais en 1992, après que Yitzhak Rabin soit revenu au pouvoir après une victoire électorale écrasante contre la droite, il a poussé, avec son ministre des Affaires étrangères Shimon Peres, à la signature des accords d’Oslo.

Résultat : la polarisation entre les camps de gauche et de droite s’intensifie et atteint son paroxysme avec l’assassinat de Rabin en novembre 1995 par un extrémiste de droite opposé aux Accords – qui ont déclenché le processus de paix visant à réaliser le « droit du peuple palestinien à l’autodétermination ». Des élections successives ont vu le pouvoir changer de mains d’un camp à l’autre. Netanyahou a battu Peres en 1996 lors de l’élection la plus serrée de l’histoire de l’État juif, et Ehud Barak a battu Netanyahou de manière décisive en 1999. L’alternance des camps aurait pu continuer – et l’aurait peut-être fait – mais la deuxième Intifada palestinienne de septembre 2000 a changé la politique israélienne, et ce changement se fait encore sentir.

Quelques mois plus tôt, en juillet, Barak, alors Premier ministre, et Yasser Arafat, alors chef de l’Autorité palestinienne, avaient participé au sommet de Camp David, sous la médiation de Bill Clinton, alors président des États-Unis. L’objectif était de signer un accord de frontières permanentes entre Israël et les Palestiniens, et de jeter les bases définitives de la fin du conflit.

Le sommet échoue cependant et, bien que les parties conviennent de poursuivre le dialogue, la violence s’ensuit, à l’initiative d’Arafat qui – dans une erreur aux conséquences historiques – pense pouvoir forcer de nouvelles concessions israéliennes par une lutte armée suivie d’attentats terroristes suicides.

En octobre 2000, deux réservistes de l’armée israélienne sont entrés accidentellement dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, où une foule les a attaqués et brutalement lynchés. L’événement a été filmé et diffusé dans le monde entier. L’un des terroristes qui a perpétré le meurtre a fièrement montré ses mains ensanglantées à la foule en liesse et à la caméra – une image qui a finalement tranché le débat entre la droite et la gauche israéliennes.

La majorité de l’opinion publique israélienne a alors compris que le temps des discussions était terminé – il fallait maintenant se battre. Quelques mois après les meurtres de Ramallah, Ariel Sharon, alors chef du Likoud, a écrasé Barak aux élections. L’idéologie du bloc de droite l’a emporté, avec des messages de campagne clairs à l’intention des électeurs qui ont duré deux décennies – « la gauche a conduit Israël au désastre d’Oslo » et « la gauche est un danger pour la sécurité d’Israël. »

M. Netanyahou s’est fait l’écho de ces messages au cours des 12 années où il a été au pouvoir, et la gauche s’est retrouvée sur la touche politique, incapable de présenter un message clair qui lui soit propre et qui puisse trouver un écho auprès de la population et la ramener au pouvoir.

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