(Copyrights israelmagazine.co.il). DROIT DE REPONSE. André Darmon. « Bonjour, Je me suis déconnecté quelques heures du tintamarre médiatique, le temps de rentrer chez moi en Israël et d’évacuer le torrent d’insanités qui s’est abattu sur mon modeste couvre-chef italien.
Mais aussi pour apprécier sereinement tous les soutiens exceptionnels venus d’horizons les plus divers. Je ne répondrais pas à ceux qui m’ont insulté et qui bien évidemment ne connaissent pas mon travail communautaire, social et journalistique depuis 30 ans ( j’ai formé une bonne partie des journalistes francophones dans le pays et à tout le moins, ils sont passés ces dernières 25 années par le magazine).
Beaucoup affirment que j’ai créé le journalisme francophone en Israël pour avoir géré et dirigé plusieurs magazines en même temps (des magazines locaux en sus d’Israël Magazine). Je suis à l’origine, déjà il y a 20 ans du combat acharné contre Dieudonné que j’avais interviewé alors et qui me paraissait bien loin de ses positions actuelles.
Je suis à l’origine, seul, du scandale de Djamel Debbouze (qui a tué il a environ 30 ans le petit Chaumette) et j’ai été en pointe (encore seul) dans le combat contre les escrocs juifs francophones du Forex, ayant été même menacé de mort.
J’ai été aussi à la pointe du combat contre certains rabbins qui avaient oublié leur mission pour ne devenir que d’affreux banquiers. J’ai, le premier, dans la presse française (pas seulement juive) enquêté sur place après le meurtre de Sébastien Sellam et dénoncé le scandale antisémite.
J’ai, par ailleurs, été classé à droite parce que je défends bec et ongles le judaïsme, (bien que je ne sois pas religieux) le sionisme, mais aussi des frontières bien précises qui englobent la Judée Samarie etc. Mais aussi par ce que j’ai défendu Bibi non pas pour ses options politiques mais parce qu’il a été trainé injustement, illégalement et odieusement, dans la boue et sur les bans du tribunal, donc un combat politique aussi. Non pas un combat marginal, mais un combat en marge d’une communauté dans laquelle je ne me reconnais pas.
Ceux qui me connaissent depuis toujours savent que je ne transige pas avec la vérité, avec l’honneur et pour en revenir à Dieudonné, ce dernier savait que j’aurais été le dernier qui lui aurait assuré une quelconque promo pour les raisons que j’ai expliquées dans un précédent post.
Je ne reviendrai pas sur les clashs extrêmement durs qui nous ont opposé. Pour instruire les mauvaises langues dont je ne citerai pas le nom, tant elles sont indignes d’être juives, ces clashs m’avaient apporté bien plus de désagréments professionnels que d’avantages alors qu’il n’y avait pas eu, pas plus qu’aujourd’hui, un élément marketing et promotionnel dans ma démarche.
Retraçons ce qui s’est passé. On m’a contacté pour me parler du repentir de Dieudonné et j’ai dans un premier temps refusé d’y souscrire. Puis, on m’a recontacté (Francis Lalanne avec lequel j’entretiens des rapports fraternels) et j’ai finalement accepté le principe d’une rencontre et même d’un repas avec Dieudonné, bien que ses ‘excuses’ il y a quelques années m’avaient non seulement échaudé, mais meurtri aussi, comme beaucoup d’autres.
J’ai ensuite fait part de mes doutes (Dieudonné dans un post parle de moultes hésitations, et c’est vrai) et j’ai refusé la rencontre et a plus forte raison le restaurant et le repas que nous devions partager, car il m’avait semblé que rompre le pain avec lui relevait du copinage, un copinage qui n’a jamais existé entre nous.
J’ai donc accepté de publier cette lettre, non pas aveuglément, mais sous réserve de la lire et de l’approuver. Ce que j’ai fait en toute connaissance de cause, car j’ai cru à ce revirement, j’ai cru (et je le crois encore aujourd’hui) à cette techouva, car qui sommes-nous pour refuser un pardon sincère, venu même d’un récidiviste ?
Une fois postée, la lettre a fait le bruit que l’on sait et Hanouna (d’une rare gentillesse qui tranche terriblement avec les postures haineuses de certains de mes coreligionnaires) m’a invité pour en parler.
Et l’une des premières phrases que j’ai dites lors de cette émission, c’est qu’il faudra, comme l’affirme le dicton, suivre le menteur jusqu’à la porte.
En clair, voir si Dieudonné se dégonfle, s’il ne met pas en pratique les résolutions que nous avons prises avec Lalanne et lui, c’est-à-dire, je l’ai répété à plusieurs reprises, véhiculer dans les banlieues, dans les écoles, un autre discours dénué bien évidemment d’antisémitisme, de sketches vides de leur haine, d’une action à travers sa fondation visant à aider, (quelle qu’en soit en la forme) les communautés qu’il avait si sauvagement dénigrées. Et surtout enlever définitivement tous les signes extérieurs de haine comme ses sites internet.
Je n’ai donc pas fait que publier béatement cette lettre. J’avais également renoncé à l’interview, mais sur les recommandations et sur la demande de mon ami Stéphane Calvo de A + nous avions redécidé de la faire. Comme je l’avais expliqué, ma démarche était bien plus celle d’un homme au sens propre que celle d’un journaliste.
Les multiples tragédies qui m’ont touché ces dernières années m’ont appris (j’espère) à exprimer de l’empathie, du Hessed, cette faculté de se mettre à la place de l’autre. Les termes étaient clairs avec Stéphane.
Mais il voulait une interview ou encore Dieudonné allait réclamer de nouveau le pardon et trente ans de rédaction en chef m’ont appris à gérer et à mener moi-même seul mes interviews. Cette interview a eu lieu, s’est très bien passée et j’ai bien évidemment tenté d’aller au fond des choses avec Dieudonné. Je ne suis dupe de rien et il n’allait pas battre sa coulpe à nouveau et se flageller devant moi. Il avait déjà demandé à être pardonné. À la question où se trouvait-il sur l’échelle de Richter de la sincérité avec sa lettre, il m’a répondu qu’il était à 10.
Je lui ai simplement dit qu’il fallait passer impérativement à une autre étape, celle de l’expiation, celle que j’avais détaillée dans l’Interview à TPMP et rappelée quelques lignes, plus haut. L’interview n’a pas été dans le sens de Stéphane et il m’a dit simplement qu’il réfléchissait s’il la passait sur son canal je lui ai répondu que je me réservais le droit de la passer ou pas dans le prochain magazine ou sur le site, ou sur les deux.
Ce qui était convenu dans tous les cas, c’est que s’il ne passait pas l’interview, ce qui est tout à fait son droit, c’est moi qu’il interviewerait pour décrypter ensemble l’interview devant le public. Sans me consulter, il a décidé de solliciter un psychiatre pour faire ce même décryptage. Je ne vous dirais pas ce que je pense des psychologues, psychiatres, que j’ai consultés ces 20 dernières années, consécutivement aux tragédies dont je vous parle plus haut. Vous savez quoi ? je n’en pense rien. Je suis très heureux que Stéphane ait pu passer pour un héros, mais moins que Hanouna et moi-même passions pour des…. Le ‘refus’ de passage de l’interview de Stéphane ne me gêne en rien, car c’est sa décision. Mais rappelons qu’il en fut l’initiateur et que l’interview (c’est ce qu’il m’a dit) n’était pas assez spectaculaire et pas assez rédemptrice. Alors qu’il me semble être allé au fond des choses avec l’humoriste. Par ailleurs, Stéphane m’a confié avoir été l’objet d’insultes et de menaces suite à mon passage sur TPMP.
Manuel Valse !
Au moment où j’écris ces lignes, on m’envoie un long commentaire de Manuel Valls que je ne lirais pas et qui parlerait de son hostilité à la demande de pardon de Dieudonné. Je voudrais à rappeler à Valls, qui a fait de la girouette un art majeur en politique, que dans les années 2000 quand il était maire d’une ville de banlieue, il affichait (dans tous les sens du terme) un fanatisme anti-israélien sans égal (sauf celui de Dieudonné plus tard) jusqu’à ce QU’IL découvre le judaïsme dans LES bras de sa seconde femme, juive, et surtout qu’il change sa vision. Aussi que les choses soient de plus en plus claires. J’ai tenté de donner modestement une ultime chance à un homme qui demandait pardon.
Je pose la question à tous les censeurs, les contempteurs. Et si Dieudonné changeait réellement de route, pourquoi le maintenir dans cette posture ? Je ne veux pas vous resservir la sauce, jolie par ailleurs, d’Abraham demandant à Dieu de préserver Sodome s’il restait un juste dans la ville. Non, Dieudonné, lui, n’est pas un juste, tout son parcours prouve le contraire, un contraire lamentable. Je lui ai dit que sa conduite n’a pas consisté en des gesticulations artistiques comme il l’affirme dans sa lettre. Il est… juste un homme qui dit s’être lourdement trompé. J’espère, moi, de mon côté, ne pas m’être trompé. Je voulais simplement, ingénument, faire avancer le schmilblick.
Ce post sera le dernier concernant cette affaire et je me réserve le droit de publier ou non l’interview de Dieudonné.
Un dernier merci à mes confrères des radios qui ont donné la parole à tout le monde et qui ne m’ont pas accordé de droit de réponse. Alors accorder un pardon, vous pensez bien ! »