Un laboratoire israélien d’innovation en biotechnologie, mis en place l’an dernier et soutenu par les plus grands laboratoires pharmaceutiques comme Pfizer et Merck, a créé une nouvelle start-up chargée d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour évaluer l’efficacité des médicaments dans les essais pré-cliniques et améliorer ainsi les chances de succès aux stades suivants.
La startup, OMEC. AI, est la première entreprise créée avec le financement et le soutien d’AION Labs, organisation lancée à Rehovot, en octobre dernier, avec pour mission d’investir dans des startups en phase de démarrage axées sur l’IA et la biologie computationnelle, pour la découverte et le développement de médicaments.
AION Labs est un consortium des géants de la pharmacie Pfizer, AstraZeneca, Merck et Teva Pharmaceuticals, avec AWS d’Amazon et l’Israel Biotech Fund.
Il est dirigé par Mati Gill, ex-cadre supérieur chez Teva et le Dr Yair Benita, précédemment responsable de la biologie computationnelle chez Compugen, des opérations scientifiques chez CytoReason et scientifique principal chez MSD (Merck).
AION Labs a organisé trois bootcamps ces derniers mois pour les dirigeants et scientifiques intéressés par les défis majeurs de l’industrie pharmaceutique, à savoir la conception d’anticorps pour les thérapies ciblées et l’analyse de données à l’aide de l’IA pour évaluer et étudier l’état de préparation clinique de médicaments potentiels.
C’est ce dernier point qui est à l’origine de la création d’OMEC. AI, fondée cet été, avec une mise de fond de 7 millions de shekels, par les experts en IA Ori Shachar et Amir Harel, tous deux anciens de Mobileye, filiale de conduite autonome d’Intel basée à Jérusalem.
Les deux hommes ont également dirigé des équipes chez SeeTree, start-up de Tel Aviv qui exploite des données pour évaluer la santé et la productivité des plantations d’arbres. Ils sont diplômés de l’Université hébraïque de Jérusalem en informatique et bioinformatique.
Shachar et Harel ont été choisis, parmi les 15 groupes participants, par le comité d’investissement d’AION Labs et travailleront désormais en étroite collaboration avec les sociétés pharmaceutiques partenaires pour développer leurs systèmes d’IA.
« Notre mission est d’aider les sociétés pharmaceutiques à améliorer les chances de réussite des essais cliniques en prenant de meilleures décisions basées sur des données, dès le processus pré-clinique », a expliqué Shachar au Times of Israel, mardi.
Il peut en effet s’écouler plusieurs années avant que les entreprises pharmaceutiques ne parviennent au stade où les effets et la toxicité d’un médicament en développement peuvent être étudiés sur l’homme. C’est un processus long, coûteux et difficile, une route semée d’embûches, avec un fort taux d’échec (25 % en raison de la toxicité et 50 %, de l’efficacité).
L’un des problèmes majeurs est que les sociétés pharmaceutiques utilisent des modèles non humains, « certains d’entre eux, obsolètes, comme les souris ou les rats » dans le cadre d’études in vivo (réalisées sur des organismes vivants) ou in vitro (réalisées dans des environnements de laboratoire contrôlés), pour évaluer de nouveaux médicaments avant qu’ils soient testés sur des humains, précise Shachar.
À ce stade pré-clinique, les sociétés pharmaceutiques s’appuient souvent sur « ce que nous appelons des données de faible dimension, donc lorsqu’elles font des essais sur des souris, elles utilisent généralement le poids, les enzymes et les tests sanguins » pour prendre des décisions basées sur les facteurs « même lorsqu’elles savent que ces modèles ne sont pas les meilleurs et ne ressemblent pas nécessairement aux humains », ajoute Shachar, qui occupe le poste de PDG.