Auteur influent, lauréat du prix Israël et de dizaines d’autres récompenses, il était également connu comme un polémiste au ton tranchant et un sioniste convaincu. Selon i24News : « Son œuvre s’étalant sur 50 ans et rassemblant aussi bien des nouvelles, que des romans ou des pièces de théâtre pour enfants, en a fait l’un des écrivains israéliens les plus célèbres et les plus populaires ». Avant de mourir, il avait dit : « Je suis malade et je lutte contre le cancer. J’accepte la mort avec plénitude et même dans un bon état esprit. Ma vie a été belle et j’espère que ma mort sera rapide et facile ».
Le président israélien, Isaac Herzog, lui a aussi rendu hommage. Le travail de l’écrivain « s’inspirait de notre patrie et des trésors culturels de notre peuple, nous représentant dans un portrait fin, fidèle, compatissant et reflétant parfois une image douloureuse de nous-mêmes », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Il évoquait en nous une mosaïque de sentiments profonds », a-t-il ajouté.
Avraham Yehoshua doit être inhumé, mercredi, au cimetière d’Ein Carmel dans le nord d’Israël.
AUTEUR. QUI ETAIT-IL?
A.B. Yehoshua, humaniste fougueux, immense auteur et ardent défenseur du sionisme comme seule réponse à la condition juive, s’est éteint mardi, à l’âge de 85 ans. Son épouse, Ika, psychanalyste, étant décédée en 2016, il laisse dans le deuil ses trois enfants, Sivan, Gideon et Nahum.
Avraham Yehoshua appartient à la cinquième génération de juifs sépharades installés en Israël. Après des études universitaires à l’université hébraïque de Jérusalem, il démarre une carrière d’enseignant. De 1963 à 1967, il réside à Paris. Il rejoint l’université de Haïfa en 1972.
Avraham Yehoshua a embrassé une carrière d’écrivain dès la fin de son service militaire dans Tsahal. Il a écrit de nombreux romans, et est considéré comme l’un des plus brillants auteurs contemporains en Israël.
Avraham Yehoshua s’est également engagé en faveur du processus de paix israélo-palestinien, et a participé à l’initiative de Genève. Il a remporté le prix Bialik et le prix Israël, ainsi que le Los Angeles Times Book Prize en 2006. Il reçoit le prix Médicis étranger 2012 pour son roman Rétrospective paru aux éditions Grasset.
REVUE DE PRESSE. DANS LE MONDE. « L’auteur israélien Avraham Yehoshua, lauréat du prix Médicis étranger en 2012 et figure de la gauche israélienne anti-occupation, est mort à l’âge de 85 ans, a annoncé, mardi 14 juin, l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv. Né à Jérusalem en décembre 1936 de parents d’origines grecques et marocaines, il avait publié ses premières nouvelles en 1963. Depuis, ses romans et pièces ont été traduits de l’hébreu en plus de 30 langues, dont le français.
En 1995, il avait reçu le prix d’Israël, plus importante reconnaissance culturelle au pays. Et en 2012, il avait raflé le prix Médicis dans la catégorie livres étrangers pour Rétrospective (Grasset), traduit de l’hébreu par Jean-Louis Allouche.
Pour Nitza Ben-Dov, professeure de littérature à l’université de Haïfa (nord) ayant enseigné à ses côtés, Yehoshua était le « plus grand auteur » d’Israël. « Il passait d’histoires surréalistes et pleines de rêveries, déconnectées du temps et de l’espace, à des œuvres ancrées dans la culture israélienne et le présent », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse. Les derniers travaux d’Avraham Yehoshua étaient empreints de psychologie, influencés par sa femme psychanalyste, selon Mme Ben-Dov.
« Chaleureux et ouvert », avide de reconnaissance, il pouvait aussi se montrer mordant face à ses interlocuteurs, d’après Mme Ben-Dov. « C’était un homme complexe, dont l’attitude vis-à-vis du monde était ambivalente. Sa conscience de la complexité de l’homme, qu’il tirait de sa propre expérience, rendait son travail pluriel », a-t-elle encore salué.
Défenseur des droits des Palestiniens, Yehoshua était membre de B’Tselem, organisation israélienne de défense des droits humains et fervente opposante à l’occupation des territoires palestiniens par Israël. Cette association a salué, mardi, un homme ayant « dévoué son temps et son énergie à l’égalité, la paix et les droits humains pour tous ».