Quelques jours avant que Vladimir Poutine ne désigne l’Ukraine comme une puissance nucléaire potentielle, une partie de la presse russe exploitait déjà le thème des “armes de destruction massive”.
“Zelensky a entamé un chantage nucléaire et a fait comprendre qu’il était prêt à commencer la fabrication d’armes de destruction massive”, titrait ainsi le journal populaire russe Komsomolskaïa Pravda le 20 février, après le discours du président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, à la conférence (annuelle) de sécurité de Munich.
Zelensky a annoncé avoir ordonné à son ministère des Affaires étrangères de “convoquer un sommet des pays membres du mémorandum de Budapest”. Ce document signé en 1994 par la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Ukraine, ainsi que par les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie, accorde aux trois pays postsoviétiques les garanties d’intégrité territoriale en échange de leur ratification du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP, signé en 1968).
Celui-ci stipule que seuls les pays qui ont développé et testé des armes nucléaires avant 1967 peuvent en posséder. “Conformément au mémorandum de Budapest, Kiev a donné son accord pour rendre les reliquats de l’arsenal nucléaire soviétique à la Russie”, rappelle Komsomolskaïa Pravda.
Si Zelensky ne plaisante pas…
Si un tel sommet ne se réunit pas, alors “le mémorandum sera reconnu par Kiev comme caduc”, a mis en garde le président ukrainien. “Zelensky fait comprendre que s’il n’est pas soutenu, il sera prêt à rompre le TNP […] et à commencer la production d’armes nucléaires en propre, extrapole le journal russe. Si l’ancien acteur comique ne plaisante pas, alors toute l’Europe se retrouvera dans une zone de danger réel.”
Même analyse dans le journal pro-Kremlin Vzgliad, qui s’appuyait le lendemain sur les propos du ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, tenus au Conseil national de la Russie : “Pendant la période soviétique, des conditions ont été mises en place en Ukraine pour créer et l’arme nucléaire et les vecteurs nécessaires pour s’en servir”, a-t-il déclaré. Le pays possède “équipements, technologies et spécialistes dont les capacités sont supérieures à celles de l’Iran ou de la Corée du Nord”, selon Choïgou.