Prix de l’énergie et agricoles : les effets de la guerre déclenchée par Moscou en Ukraine ne font aucun doute. La question est de savoir si, au-delà des prix, les livraisons de gaz peuvent diminuer. La reprise mondiale va souffrir.
C’est toujours difficile de réagir à chaud, le risque est de grossir le trait, de dramatiser à outrance, et par ailleurs l’évidence est que l’économie, quand il y a un conflit armé sur le territoire européen, même à l’extrême Est du continent, est que l’économie n’est pas le sujet principal.
Le sujet principal, c’est la guerre, ce sont les armes, ce sont les victimes – les propos de Vladimir Poutine menaçant quasiment les Occidentaux d’une riposte nucléaire est évidemment extrêmement inquiétante.
Kiev, rappelons-le, n’est qu’à 2.000 kms précisément à vol d’oiseau de Paris – trois fois Paris-Marseille. La frontière ukrainienne est seulement à 1.500 kms de nous.
Une fois que l’on a dit cela, sur le terrain économique, il y a ce qui est immédiat et il y a le moyen terme.
Dans l’immédiat, dans les échanges à Londres, le cours du pétrole a grimpé de 3% en avant-séance et a passé le cap des 100 dollars pour la première fois depuis 2014, et cela se répercutera forcément à la pompe – comme on dit. Jusqu’où le baril peut-il flamber ? Impossible à dire – la France comme tous les autres pays dispose de réserves. Avec un sans plomb 95 à 2 euros, le gouvernement agirait sans doute.
Mais le principal, c’est le gaz.
L’approvisionnement de la France (à hauteur de 17% par du gaz russe, le premier fournisseur est la Norvège), cet approvisionnement ne passe pas par un gazoduc en Ukraine, il passe par Nord Stream 1, sous la mer Baltique.
En revanche, si les 4 branches des gazoducs installées en Ukraine étaient détruites, l’Italie, l’Autriche, la Slovaquie, la République tchèque seraient directement concernées.
Naturellement, le cours du gaz va grimper très vite (+ 21% sur le marché spot) – mais en France il est bloqué par l’Etat.
Point essentiel : on ne manquera pas de gaz à court terme, les réserves étaient fin janvier à 31%. Toujours sur les marchés, on s’attend à ce que le blé, le maïs et les engrais coûtent pus cher, la Russie et l’Ukraine sont de gros producteurs.
Et les conséquences à moyen terme ? Ce conflit -parfaitement anticipé il faut le dire par Washington- et son impact énergétique vont alimenter l’inflation, ils peuvent peser sur la reprise mondiale – c’est un truisme.
Pour limiter cette inflation, les banques centrales seront amenées à relever plus tôt que prévu leurs taux d’intérêt. Bref, le coût du crédit va monter plus vite qu’on le pensait.
Alors, et pour le reste ?
En 1981, le ministre des affaires étrangères de François Mitterrand, Claude Cheysson, au moment du putsch de Jaruzelski en Pologne avec le soutien de Moscou, avait lâché : « bien entendu, nous ne ferons rien » … En 2022, aucune troupe occidentale ne sera envoyée en Ukraine … mais des armes seront envoyées en soutien à Kiev.
Les Occidentaux vont annoncer de nouvelles sanctions, peut-être même la sortie de la Russie du système financier Swift, qui la couperait du reste du monde pour les transferts d’argent.
Bloquer totalement l’argent des oligarques apparaît aussi comme probable.
Mais encore une fois, penser à l’économie, face à la guerre, est utile, mais ce n’est que l’intendance.
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