Les sanctions ont rarement été efficaces. Face à des empires (Russie, Chine) qui jouent l’après-chute du Mur de Berlin, les pays occidentaux n’ont pas beaucoup de cartes en mains.

L’Union européenne a décidé de limiter l’accès de la Russie, des banques russes et des oligarques aux marchés financiers, tandis que Berlin a suspendu le gazoduc Nord Stream 2. Washington a aussi son train de mesures.

Est-ce que c’est efficace ? Non, pas vraiment. Les sanctions économiques, çà ne marche généralement pas, on l’a vu en Birmanie, en Corée du Nord, à Cuba, en Iran, au Venezuela – à l’exception notable de l’Afrique du Sud de l’apartheid.

Pourquoi ça ne marchera pas cette fois-ci encore ?

Rappelons d’abord que Vladimir Poutine est déjà sous sanctions depuis des années. Ensuite, parce que l’Europe et la Russie sont en interdépendances, que dans le mot interdépendance il y a dépendance et que c’est notre chauffage, ici, qui dépend du gaz russe – pas l’inverse.

Hier, l’ancien président russe Dimitri Medvedev a publié un tweet ironique sur ces Européens (nous) qui doivent s’attendre à une flambée du prix du gaz.

Enfin et surtout, çà ne marche pas quand les objectifs ne sont pas les mêmes.

La Russie, comme la Chine, a une volonté de puissance et cette volonté, commune aux deux empires, est de tourner la page ouverte par la chute du Mur de Berlin en 1989 – page qui a vu la victoire du modèle occidental, qui depuis 30 ans s’est exercée principalement sous forme de soft power, d’influence.

Eh bien, cette page est froissée.

La Russie est un nain économique par rapport à sa taille (un PIB entre l’Espagne et l’Italie) mais elle a les ressources de son pétrole, de son gaz et de son blé, et elle passe en force, en Géorgie, en Syrie, au Mali, et donc -là- à ses frontières.

La Chine est un géant économique, qui reste l’usine du monde dans tous les domaines, et elle a montré, à Hong Kong hier, dans la Mer de Chine aujourd’hui, à Taïwan peut-être un jour qu’elle fait ce qu’elle veut.

Bref, l’Occident, face à ces autocrates résolus, est un lapin qui traverse la route devant les phares d’une voiture. La nouveauté est que Moscou et Pékin sont alliés

Ce n’est pas qu’une anecdote : Poutine a attendu la fin des JO d’hiver à Pékin pour passer à l’action. Pour ne pas gâcher la fête de Xi Jinping. Quelques jours auparavant, les deux hommes avaient signé un accord stratégique, avec la livraison de 10 milliards de m3 par an de gaz russe à son voisin. Alors, alliés ne veut pas dire alignés : l’économie chinoise n’a pas intérêt à se brouiller avec l’Europe. Mais les deux pays ont clairement une même volonté de revanche dans l’Histoire.

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