Depuis les années 1960, la branche aérienne des forces de défense israéliennes (IAF) a joué un rôle central dans la défense du pays et sa capacité à protéger le champ de bataille et la population civile des attaques aériennes ennemies lui a permis de combattre avec un avantage considérable. Dans le même temps, l’IAF a démontré sa portée stratégique, en attaquant des cibles critiques à une distance considérable.
La domination de l’IAF est le résultat d’un entraînement efficace, de la faiblesse de ses adversaires et d’une approche flexible de la conception et de l’acquisition. Au fil des ans, les Israéliens ont essayé diverses stratégies pour doter leur force aérienne de chasseurs, notamment en achetant à la France (programme des Mirage), aux États-Unis et en construisant eux-mêmes les avions. Ils semblent avoir opté pour une combinaison de ces deux dernières stratégies, avec un grand succès.
A partir de 1967, en dépit de l’embargo français sur les armes à Israël, l’IAF a pu obtenir les plans techniques du Mirage qui a permis de donner naissance à deux chasseurs, le Nesher d’Israel Aerospace Industries (IAI) et le Kfir d’IAI. Le second a utilisé des moteurs américains plus puissants et a été pendant un certain temps le principal avion de combat de l’armée de l’air israélienne. Les deux appareils ont connu un succès à l’exportation, le Nesher étant utilisé en Argentine et le Kfir en Colombie, en Équateur et au Sri Lanka.
Cet investissement a contribué au développement du secteur aérospatial israélien, avec de grandes implications pour le reste de l’économie du pays. L’investissement de l’État a constitué un pilier essentiel pour le développement précoce du secteur technologique civil d’Israël. Pour beaucoup, le succès du Kfir suggérait qu’Israël pouvait se suffire à lui-même en matière de technologie aérospatiale, éliminant ainsi le besoin de compter sur un sponsor étranger.
Néanmoins, Israël a continué à investir massivement dans des avions étrangers. Les FDI ont commencé à acquérir des F-4 Phantom à la fin des années 1960, et des F-15 Eagle au milieu des années 1970. Mais beaucoup d’Israéliens, toujours portés par le succès relatif du Kfir et espérant développer davantage le secteur de la haute technologie en Israël, pensaient que le pays pouvait aspirer à développer son propre avion de combat.
C’est ainsi qu’est né le Lavi car l’armée de l’air israélienne pensait qu’un mélange de chasseurs haut/bas répondait le mieux à ses besoins d’autant qu’il pouvait compléter les F-15 Eagle qu’Israël continuait à acquérir auprès des États-Unis. Le Lavi occupait le créneau que le F-16 Viper allait finir par dominer. Il comprenait certains systèmes sous licence des États-Unis et ressemblait visuellement à un F-16 avec une configuration d’aile différente. Mais cela a été la raison pour laquelle les États-Unis n’ont pas autorisé l’exportation à grande échelle d’un avion de combat comprenant d’importants composants américains, notamment en Chine. Cette décision a empêché Israël et plusieurs autres acheteurs intéressés d’acquérir le Raptor, et a sans aucun doute écourté sa durée de production globale.
IAI a continué à connaître un grand succès, malgré l’absence d’un grand projet de chasseur. IAI a prospéré grâce au développement et à l’exportation de composants destinés au marché intérieur et à l’exportation, notamment des munitions et de l’avionique. IAI s’est également lancée sur le marché des drones, avec un grand succès tant en Israël qu’à l’étranger. Et malgré l’échec du Lavi, le secteur israélien de la défense de haute technologie s’est bien porté, avec des retombées considérables sur l’économie civile. La politique industrielle de l’État israélien se concentre exactement sur cet objectif : fournir des investissements pour l’innovation de haute technologie qui facilite à la fois la défense nationale et la croissance économique.
La stratégie aérospatiale actuelle d’Israël dépend de la santé de ses relations avec les États-Unis. Cela est vrai à la fois en termes de disponibilité des plates-formes et de développement technologique mutuel continu. Heureusement pour Israël, il y a peu de raisons de croire que cet aspect de l’alliance États-Unis-Israël va se dégrader de sitôt. Et même si Israël devait chercher ailleurs qu’aux États-Unis, la compétence de l’industrie israélienne dans le développement de composants et de systèmes de soutien signifie qu’elle ne manquerait pas longtemps d’un partenaire.
Source : National Interest & Israël Valley