Malgré la guerre à Gaza, l’étonnante résistance de l’économie israélienne.

Economie. L’économie de l’Etat hébreu résiste grâce aux puissantes filières de la technologie et de la défense. Mais l’immense coût du conflit complique l’équation budgétaire.

Alors que les dépenses militaires dépassent tous les records, que 300 000 réservistes ont été appelés depuis le 7 octobre 2023, et que la guerre a paralysé certains secteurs, l’économie israélienne a tenu bon pendant deux ans. Notamment grâce à la résistance du secteur de la tech.

La Banque d’Israël a révisé ses projections de croissance pour l’économie avec une croissance du PIB de 3,3% en 2025 et de 4,6% en 2026.

LA CROIX: « Israël n’avait encore jamais connu une période de guerre(s) aussi exceptionnelle dans sa durée, son intensité, sa mobilisation. Et son coût faramineux : 260 millions d’euros par jour, selon le ministère des finances. « Mais le désastre auquel on aurait pu s’attendre ne s’est pas produit, résume Benjamin Bental, professeur émérite d’économie à l’université de Haïfa. L’économie a souffert mais ne s’est pas effondrée. » Première raison de cette résistance : sa santé insolente avant le 7-Octobre. « Fin 2022, Israël n’avait jamais été en si bonne situation économique, tous les indicateurs étaient au top, parmi les meilleurs de l’OCDE, notamment grâce à la tech », se souvient Itai Ater, professeur d’économie à l’université de Tel-Aviv ».

RFI: « Malgré un contexte géopolitique sous haute tension, l’économie israélienne affiche des résultats spectaculaires sur les marchés financiers. Portée par un secteur bancaire solide, une industrie de la défense en plein essor et un écosystème technologique résilient, Israël étonne les investisseurs du monde entier ».

RFI: « la performance de l’économie israélienne s’explique aussi par une résilience structurelle. Les investisseurs locaux, habitués aux tensions géopolitiques depuis des décennies, continuent de miser sur le long terme, convaincus que les chocs sont temporaires et que les fondamentaux économiques restent solides. L’économie israélienne s’est aussi diversifiée. Si la technologie reste un pilier, les secteurs bancaire, de la défense, des assurances et de l’immobilier contribuent, eux aussi, à la croissance. Enfin, paradoxalement, le contexte conflictuel a renforcé la position stratégique du pays. La destruction des capacités nucléaires iraniennes et l’affaiblissement des groupes hostiles ont, aux yeux des investisseurs, rendu Israël plus stable et plus attractif ».

DEPUIS LE 7 OCTOBRE 2023. Histoire economique. JACQUES BENDELAC. « L’année 2024 restera gravée dans l’histoire économique d’Israël comme l’une de ses pires années. La croissance du PIB par habitant a été négative pour la seconde année consécutive, les principaux moteurs de croissance israélienne (exportations et investissements) se sont effondrés, les prix au détail montent en flèche et le déficit public atteint des proportions démesurées.

Certes, Israël connait la guerre la plus longue de son histoire ; une guerre multi-fronts et d’une rare puissance, conduisant à des dépenses de défense jamais égalées. Forcément, une guerre couteuse affecte l’économie dans sa globalité ; les répercussions économiques ont aussi été aggravées par les multiples défaillances du gouvernement israélien, la poursuite de sa politique ultralibérale n’étant pas toujours compatible avec une économie en guerre ».

« Les répercussions du conflit se sont fait ressentir dès le dernier trimestre 2023 ; le PIB a chuté de 21,4 % par rapport au trimestre précédent, et le rebond du premier trimestre 2024 (+15,6 %) ne comblera que partiellement le recul de l’activité (1). En raison de la situation sécuritaire, les perturbations de l’offre et la diminution marquée de la population active civile, ainsi que la dégradation du climat économique, pénaliseront d’abord la consommation privée et les investissements, puis les échanges extérieurs, le commerce et le tourisme. Le quatrième trimestre 2023 sera une catastrophe absolue pour l’économie du pays : l’augmentation considérable des dépenses militaires a fait bondir la dépense publique de 84 % en rythme annuel, alors que la consommation des ménages chutait de 26,3 %, les investissements faisaient un bond en arrière de 69,6 % et les exportations de biens et services reculaient de 21,6 %.

L’arrêt de l’économie israélienne le 7 octobre 2023 a été déclenché par la fermeture du système scolaire durant plusieurs semaines ainsi que par la fermeture de commerces, industries et services ; la mobilisation par Tsahal de 280 000 réservistes (7 % de la population active) a pesé sur l’ensemble de l’économie, secteur des hautes technologies compris. Au plus fort de la guerre, ce sont près de 800 000 Israéliens qui sont sortis du marché du travail, soit 20 % de la population active du pays : réservistes de l’armée, familles déplacées de leur domicile, victimes de guerre, salariés en congé sans solde, parents d’enfants déscolarisés, etc.

De plus, la suspension des permis de travail aux Palestiniens et le départ de nombreux travailleurs étrangers pèsent lourdement sur l’économie. En 2022, soit avant la guerre à Gaza, l’économie israélienne employait 250 000 étrangers : 120 000 ouvriers palestiniens (de Cisjordanie et Gaza) et 130 000 étrangers de pays lointains (Thaïlande, Philippines, Inde, Chine, etc.). Ces travailleurs non-israéliens représentaient 6 % de la population active du pays, soit une force de travail importante (2). Leur absence est fortement ressentie dans certaines activités qui sont dépendantes de cette main-d’œuvre travailleuse et bon marché, comme le BTP et l’agriculture. En conséquence, les investissements dans la construction d’habitations ont chuté de 52 % au quatrième trimestre 2023 (par rapport au trimestre précédent), alors que les récoltes agricoles furent quasiment interrompues ».

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