France: décès du père de la pilule abortive, le professeur Etienne-Emile Baulieu, né Blum

Né dans une famille juive alsacienne à Strasbourg, il s’était engagé dans la Résistance contre l’occupant nazi à seulement 15 ans.

 

Le biochimiste et endocrinologue français Etienne-Emile Baulieu, pose lors d'une séance photo à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, au Kremlin-Bicêtre, en région parisienne, le 17 mars 2023. (Crédit : JOEL SAGET / AFP)

Le professeur français Étienne-Émile Baulieu, inventeur de la pilule abortive, est décédé vendredi à l’âge de 98 ans, à son domicile à Paris, a annoncé sa femme à l’AFP.

A la fois médecin et chercheur, il était mondialement connu pour la portée scientifique, médicale et sociétale de ses travaux sur le rôle des hormones stéroïdes.

« Ses recherches étaient guidées par son attachement aux progrès permis par la science, son engagement en faveur de la liberté des femmes, sa volonté de permettre à tous de vivre mieux plus longtemps », a rappelé sa femme Simone Harari Baulieu dans un communiqué.

Né le 12 décembre 1926 dans une famille juive alsacienne à Strasbourg, dans l’est de la France, Etienne Blum prend le nom d’Émile Baulieu lors de son engagement dans la Résistance contre l’occupant nazi, à seulement 15 ans.

Docteur en médecine (1955) et docteur ès sciences (1963), endocrinologue, il fonde en 1963 l’unité de recherche 33 à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), pour le travail sur les hormones. Il la dirigera jusqu’en 1997 et y travaillera jusqu’au bout.

Etienne-Emile Baulieu est notamment connu pour sa mise au point, en 1982, de la RU 486. Cette pilule abortive révolutionne la vie de millions de femmes à travers le monde en leur offrant la possibilité d’une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse.

Il fait alors face aux virulentes critiques et même aux menaces des adversaires du droit des femmes à maîtriser leur procréation.

Ses recherches sur la DHEA, hormone dont il avait découvert la sécrétion et son activité contre le vieillissement, le conduisent à travailler sur les neurostéroïdes (stéroïdes du système nerveux).

Il a aussi élaboré un traitement de lutte contre la dépression, pour lequel un essai clinique est en cours dans plusieurs centres hospitaliers universitaires.

En 2008, il a fondé l’Institut Baulieu pour comprendre, prévenir et soigner les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Ses recherches ciblent la protéine Tau avec une autre protéine, FKBP52, qu’il avait découverte et qui est naturellement présente dans l’organisme.

Grand-croix de la Légion d’honneur et grand-croix de l’Ordre national du Mérite, deux hautes décorations en France, il a reçu de nombreux prix dans son pays, et a été distingué par le Prix Lasker, la plus haute distinction scientifique américaine.

Remarié avec Simone Harari Baulieu, il était veuf de Yolande Compagnon. Il laisse trois enfants, huit petits-enfants et neuf arrière-petits-enfants, indique le communiqué.

 

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