Comment Tsahal utilise l’IA durant la guerre?
Le secret « Lavender », une enquête du New York Times détaille comment l’armée israélienne utilise des outils nourris à l’intelligence artificielle pour poursuivre ses frappes.
C’était, selon Israël, l’un des cerveaux de l’attaque sanglante du 7 octobre 2023. Le 31 octobre dernier, l’armée de l’air israélienne annonçait « l’élimination » d’Ibrahim Biari, dirigeant du Hamas, lors d’une frappe effectuée sur un camp de réfugiés – celui de Jabaliya, le plus grand de la bande de Gaza.
À l’époque, Tsahal – l’autre nom des forces armées israéliennes – assurait avoir ciblé non seulement Ibrahim Biari mais aussi d’autres « terroristes » situés dans la zone. Ce que le gouvernement de Benyamin Netanyahou s’était gardé de dire, en revanche, c’est qu’il avait utilisé un système d’intelligence artificielle pour déterminer la localisation approximative de sa cible.
Aperçu des « guerres futures »
Publiées ce 25 avril par le New York Times des révélations confirment qu’Israël s’est « empressé » de développer des outils militaires nourris par IA depuis le début de la guerre.
Selon des hauts responsables européens, américains et israéliens interrogés, le constat est sans équivoque : « Aucun autre pays n’a été aussi actif qu’Israël dans l’expérimentation d’outils d’IA dans des combats en temps réel. » De quoi donner, selon eux, un aperçu saisissant de la manière « dont ces technologies pourraient être utilisées dans les guerres futures », un an après les premières révélations autour du programme secret « Lavender ». Parmi les nouveaux projets évoqués cette fois : un logiciel de reconnaissance faciale, des compilations de cibles potentielles, ou encore des chatbots capables de scanner et d’analyser des SMS en arabe.
Israël a déployé des caméras haute résolution connectées à un logiciel de reconnaissance faciale assisté par IA.
« Pôle d’innovation »
À propos de la frappe visant Ibrahim Biari, l’article révèle par ailleurs qu’un outil audio basé sur l’IA et développé par des ingénieurs militaires a été mobilisé en amont. Ce système expérimental a permis non seulement de tracer et d’écouter les appels du terroriste islamiste mais aussi d’analyser, à l’intérieur de ces mêmes appels, « différents sons, tels que les bombes soniques et les frappes aériennes ». Au point de fournir, in fine, leur emplacement approximatif. Selon deux officiers du renseignement israélien, les hauts responsables militaires concernés ont alors été avertis que la zone désignée, qui comprenait plusieurs immeubles d’habitation, était densément peuplée. Le tir de missile a malgré tout été validé.
D’après les sources du New York Times, plusieurs de ces initiatives ont été menées en partenariat entre des soldats de l’Unité 8200, spécialisée dans la cybersécurité et dont le rôle est similaire à la NSA américaine, et des réservistes travaillant pour des entreprises technologiques comme Google, Microsoft et Meta. En toute discrétion, l’Unité 8200 aurait même lancé « The Studio », un pôle d’innovation et de mise en relation d’experts pour les projets d’IA à visée militaire.
Confrontée à ces révélations par le journal américain, l’armée israélienne s’est contentée de déclarer que ses technologies demeuraient « confidentielles ». Tout en s’engageant, par ailleurs, « à utiliser les outils liés aux données de manière légale et responsable ».
EXTRAITS. https://usbeketrica.com