Le ministre israélien de la Culture demande le boycott du film oscarisé « No Other Land »
Miki Zohar appelle les institutions culturelles à ne pas diffuser ce documentaire accusé de présenter une vision déformée de la réalité et d’omettre des faits essentiels

Le ministre israélien de la Culture et des Sports, Miki Zohar, a adressé lundi une lettre aux directeurs des cinémathèques et institutions culturelles subventionnées par son ministère, leur demandant de s’abstenir de projeter le film « No Other Land », récemment récompensé par l’Oscar du meilleur film documentaire. Dans sa missive, le ministre souligne que le documentaire présente « une vision unilatérale et déformée de la réalité israélienne et du conflit israélo-palestinien ». « La façon dont le film aborde le massacre horrible perpétré le 7 octobre et la guerre qui s’en est suivie est inacceptable », écrit-il. « Le film sert d’outil de propagande anti-israélienne et nuit à la réputation de l’État d’Israël, particulièrement en temps de guerre. »
Zohar insiste sur le fait que, bien que le film soit disponible en ligne, il serait inapproprié que des fonds publics soient utilisés pour soutenir ou projeter un film qui dénigre l’État d’Israël. « Je vous adresse une demande pour faire preuve de responsabilité publique et de solidarité, et ne pas accorder une plateforme publique en Israël à un film qui sert nos ennemis », ajoute-t-il.
Le documentaire « No Other Land » dépeint Israël comme maltraitant systématiquement les Palestiniens du village Masafer Yatta vivant sur leurs terres ancestrales depuis plusieurs générations. Le film affirme également que « des soldats israéliens et des ‘colons’ ont profité de la guerre pour mener des massacres, des fusillades et des menaces. »
Mais selon des critiques du documentaire, le film omet des faits essentiels. Ils soulignent notamment que Masafer Yatta est une zone militaire désignée (Zone de tir 918) depuis les années 1980, bien avant que des Palestiniens n’y commencent des constructions illégales. Ces critiques affirment également que les constructions palestiniennes seraient politiquement motivées, avec l’Autorité palestinienne et l’UE qui financeraient ce développement illégal dans la zone C pour établir des « faits accomplis » sur le terrain et saper la souveraineté israélienne. Le film ignorerait l’autorité légale d’Israël sur la zone C selon les Accords d’Oslo, présentant l’application des lois comme de l’oppression. Les détracteurs accusent par ailleurs les militants palestiniens de manipuler les médias en mettant en scène des provocations pour susciter des réactions des soldats de Tsahal.