Depuis les attentats terroristes du 7 octobre 2023 en Israël, le nombre des actes antisémites en milieu scolaire en France augmente de manière préoccupante.

C’est ce dont fait état une étude inédite de la Fondation Jean-Jaurès, du Crif et de l’Ifop, qui révèle l’importance d’un antisémitisme du quotidien. En s’installant dans le langage courant et/ou dans les mentalités d’une partie de la population scolaire dès le plus jeune âge, celui-ci crée lentement mais sûrement les conditions d’une légitimation de discours et de comportements plus violents.

Celle-ci met en évidence les chiffres suivants :

  • 96% des jeunes juifs considèrent que « depuis l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les actes antisémites en France sont en hausse ». 42% affirment avoir déjà été victimes d’antisémitisme. Dans22 % des cas, ils ont vécu leur premier acte/propos antisémite après le 7-Octobre(« Baromètre de la jeunesse juive de France », FSJU).
  • Les atteintes aux personnes à caractère antisémite représentent près de 60% de l’ensemble des atteintes aux personnes à caractère raciste ou religieux, alors que les juifs représentent aujourd’hui moins de 1% de la population française.
  • À l’école publique, pour l’année scolaire 2023-2024, 1 670 actes à caractère antisémite recensés, contre 400 en 2022-2023 (ministère de l’Éducation nationale).
  • Les actes antisémites sont principalement recensés au collège qui représente à lui seul 53% des signalements pour racisme et antisémitisme. Le lycée est également concerné puisque 55% des signalements en provenance des lycées portent sur des actes antisémites (ministère de l’Éducation nationale).
  • En 2024, 62% des victimes d’actes antisémites indiquent que les violences qu’ils ont vécues l’ont été au sein d’un établissement scolaire. 42% affirment même que cela s’est produit à plusieurs reprises (Fondapol, AJC, 2024).
  • En milieu scolaire, la majorité des faits (propos et gestes menaçants, inscriptions, violences, dégradations) sont commis au collège (ministère de l’Intérieur, SPCJ).
  • Augmentation de 10% du nombre d’enfants accueillis dans les écoles juives ces dix dernières années, et de plus de 48% depuis l’année 2000 (FSJU).
  • La scolarisation dans le privé répond avant tout à une problématique de sécurité : 69% des parents estiment que leur enfant y sera plus en sécurité (AJC, Fondapol).

L’étude met en évidence une augmentation préoccupante des actes et propos antisémites dans les établissements scolaires. Entre septembre et novembre 2024, 477 actes antisémites ont été signalés, soit 43 par semaine ouvrée, un chiffre sans précédent qui illustre une montée de la haine anti-juive dans les écoles. Ces résultats montrent que cet antisémitisme se manifeste sous diverses formes : violences verbales, harcèlement, mises à l’écart, menaces et agressions physiques.

L’étude met en lumière un phénomène préoccupant : l’importation du conflit israélo-palestinien dans les écoles françaises. De nombreux élèves juifs font l’objet d’attaques et de discriminations en raison de leur supposé lien avec Israël, renforçant une « judéophobie d’atmosphère » qui alimente leur exclusion et leur isolement. En effet, 44% des élèves interrogés pensent que « les Juifs sont plus attachés à Israël qu’à la France » et 25% d’entre eux considérant que « les Juifs sont responsables de la guerre dans la bande de Gaza » (38% pour les proches de l’extrême gauche, 36% à l’extrême droite) et cette tendance est particulièrement marquée dans les zones urbaines sensibles et les établissements en éducation prioritaire (REP/REP+), où les élèves juifs sont davantage exposés à l’hostilité et aux violences, mais dans le rapport, des recommandations pour endiguer la montée de l’antisémitisme.

L’urgence est de garantir un cadre scolaire où tous les élèves, quelle que soit leur origine ou leur religion, puissent apprendre dans un environnement serein et sécurisé.

La coordination du rapport a été faite par Deborah Elalouf, entrepeneure de l’Edtech, est présidente de la Commission éducation du Crif et les auteurs sont Valérie Boussard est professeure de sociologie, université Paris-Nanterre (IDHE.S UMR 8533), François Kraus est directeur du pôle Politique/Actualités à l’Ifop, Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie à Saint-Denis (93), est directeur de l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès.

Pour lire le rapport complet

Source : Fondation Jean Jaurès

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